Jour 14 17 octobre
Ce matin, après notre déjeuner (où aller se chercher un café relevait presque de l’exploit), on part pour visiter la vallée de la vallée d'Ihlara. Il s'agit d’une gorge de 15 km de long et pouvant atteindre 150 m de profondeur. La vallée compte environ 50 églises creusées dans le roc et de nombreux bâtiments taillés dans la roche. À partir du VIIe siècle après J.-C., la vallée a été colonisée par des moines byzantins qui ont creusé leurs maisons et leurs églises dans la pierre de tuf, déposée par les éruptions du mont Hasan, non loin d’ici, dont le sommet ce matin est caché dans les nuages. Elle s’est formée à la suite de l’activité volcanique du mont Hasan, combiné au phénomène d’érosion provoqué par la rivière Melendiz. L’histoire humaine dans la gorge remonte à la période byzantine, lorsque les Grecs de Cappadoce ont commencé à créer leurs maisons dans les formations rocheuses en nids d’abeille. Avec le temps, les habitants ont construit des églises, des chapelles ainsi que des tombes. Comme dans les villes souterraines, les bâtiments étaient reliés par des tunnels. Entre le IVe et le XIIIe siècle, la vallée hébergeait une vie monastique chrétienne active, à l’abri des envahisseurs arabes. La formation géomorphologique du canyon et les structures défensives du mont Hasan assuraient une protection naturelle efficace en temps de guerre et d’invasion. La présence grecque dans la région n’a pris fin qu’en 1923, lorsque la Grèce et la Turquie décidèrent de faire des échanges massifs de populations.
On prend l’avant-midi pour marcher environ 7km dans la vallée et admirer la végétation qui borde la rivière et les habitations à flanc de montagne. Mes co-voyageurs sont devenus de véritables chèvres de montagne à force de monter et descendre escaliers et sentiers depuis 2 semaines. Même Michel nous démontre une agilité acquise en voyage qu’on ne lui connaissait pas. Il a dû acquérir sa nouvelle expertise en descendant de la nacelle hier. On gambade gracieusement dans les sentiers parfois minces et rocailleux, parfois dans plaine ou le couvert des arbres, au son de la rivière qui coule. C’est calme, dans une atmosphère de détente. On a eu l’option de rebrousser chemin avant la mi-parcours, mais on est maintenant réchauffé fait la vallée au complet. Ça en valait la peine car on y a découvert les plus belles structures.
Yavuz tient à nous garder en forme et svelte avec cette marche. Après tout demain on fera beaucoup d’autobus.
On ne peut donc pas visiter la ville souterraine aujourd’hui car on sera trop coincé dans le temps. On se dirige vers le restaurant. 30 minutes turques ça doit bien valoir 90 minutes de rotation terrestre.. après cette « courte route », Yavuz ne se prononcera plus sur le temps de déplacements.
Le déplacement en valait la peine. Le restaurant tenu par un chef formateur de l’université voisine nous avait préparé un repas typique de la place. C’était très bon.
L'après-midi est passé! On sort du resto vers 15h30. On ne peut faire d’autres visites. Quoi de mieux que visiter une bijouterie! Yavuz avait-il quelque chose à se faire pardonner auprès des dames pour avoir pensé à ça. Le petit exposé sur les diverses pierres précieuses et semi-précieuses nous apprend qu'il y a une nouvelle pierre, à date unique à la Turquie, découverte ces dernières années: la Sultanite. De couleur ambrée, elle tend a changer de couleur selon la lumière environnante. Quand notre joaillier est sorti dehors montrer le reflet différent à la lumière du soleil, c’était drôle de voir presque toutes les dames en premier plan dehors autour de lui. Il sait comment bien s’entourer, cet homme.
On se dirige ensuite au centre culturel Motif, pour une prestation des « Deviches Tourneurs »
L'ordre mevlevi est un ordre musulman soufi fondé au XIIIe siècle par Jalal al-Din Rumi à Konya Ses membres sont souvent appelés « derviches tourneurs » en référence à leur danse appelée samā‘ (ou sema), dont les mouvements rappellent ceux d’une toupie.
Même si le Semâ a été interdit en 1923, les derviches tourneurs n'ont jamais cessé de pratiquer leur rituel. En 1950 le gouvernement turc légalisa l’ordre et permit aux Derviches tourneurs de reprendre leur cérémonie. En 2008, l'UNESCO a inscrit le « Le Sema, cérémonie Mevlevi » à la liste du patrimoine culturel immatériel mondial.
La cérémonie du Semâ, signifiant l’être humain dans le mouvement universel, n'est pas un spectacle mais plutôt une prière qui vise à entrer en contact avec l'au-delà. En tournant sur eux-mêmes, les bras tendus vers le ciel, les derviches tourneurs accomplissent le cycle de l'amour universel partagé entre les êtres humains. Tout est symbolique dans la cérémonie: aussi bien les vêtements (la toque représente la pierre tombale et la jupe blanche, le linceul) que les mouvements (la main droite tournée vers le ciel reçoit la grâce tandis que la main gauche tournée vers la terre répand cette grâce), les chants et la musique.
La musique, les chants typiques dans une atmosphere calme avec lumière tamisées, avec les mouvements lents fluides des Deviches font vivre une belle petite expérience unique de la région.
Ensuite, encore un bon souper dans un resto près de l’hôtel.
demain avec tristesse on quittera notre belle grotte (chambre d’hôtel)
bonne nuit
Martin & Sylvie