Bonjour à vous tous, chers lecteurs, amis et proches de mes voyageurs!
Ce matin, l’air est doux, le soleil perce les nuages, la journée sera parfaite pour nous permettre de découvrir la ville. Je crois que tous mes voyageurs ont bien dormi, ils ont tous un air reposé et la mine réjouie, heureux de se retrouver après une bonne nuit dans les bras de Morphée. Après avoir déjeuné, nous partons bon pied bon œil à la découverte de Fès, toujours avec notre guide Abdou et en prime notre guide local Rachid.
Grâce à eux et au site officiel de l’UNESCO, nous aurons des informations de premier plan pour connaitre la ville. «Fondée au IXe siècle, Fès a connu sa période faste aux XIIIe et XIVe siècles, sous la dynastie mérinide, quand elle supplanta Marrakech comme capitale du royaume. Le tissu urbain et les monuments essentiels de la médina remontent à cette période : médersas, fondouks, palais et demeures, mosquées, fontaines, etc. En dépit du transfert du siège de la capitale à Rabat, en 1912, elle garde son statut de capitale culturelle et spirituelle du pays.»
Nous sommes prêts à entamer une remontée du temps en commençant par une petite marche pour voir le quartier juif dont Rachid nous raconte un peu l’histoire. Pendant près de 1200 ans, l’histoire des Juifs de Fès s’est confondue avec celle de la cité et de ses composantes humaines, économiques et culturelles. Depuis le XIe siècle jusqu’au début du XXe, des groupes importants d’origine juive qui se sont convertis, de gré ou de force, à l’islam (les Muhajirin ou Bildiyyin) ont contribué aux mouvements sociaux et intellectuels qui ont nourri la vie économique et politique de Fès musulmane et ont forgé sa réputation de grande métropole influente dans l’histoire du Maroc, tout en étant coupés mais voisins de leur communauté d’origine. Assez rapidement, ils ont fait partie de la puissante élite des ‘ulama ou savants de l’islam, mais ont mis longtemps à conquérir leur place dans la société musulmane aux côtés des autres élites, les Chorfas et les Andalous. L’histoire des Juifs de Fès s’articule en trois périodes clefs : la période médiévale (808-1452) qui a vu se développer aux Xe-XIe siècles une métropole juive au rayonnement exceptionnel, la période médiane (1452-1900) avec la transplantation réussie du judaïsme espagnol dans un contexte judéomarocain, et la période finale (1900-1975) où les tentations et les velléités de la modernisation ont précédé la dissolution de la communauté.
Puis, nous visitons rapidement l’esplanade du Palais Royal dont nous pouvons admirer la somptueuse et immense porte dorée et travaillée à la main qui nous laisse bouche bée. C’est vraiment de toute beauté et mérite notre admiration.
Petit arrêt ensuite pour immortaliser sur photos la beauté de la ville et aussi son étendue et son ampleur. Il y a tant à voir que nous en avons le tournis et nous ne voulons rien manquer pour imprimer les couleurs, les odeurs et les bruits dans notre boîte à souvenirs. Fès se trouve à un emplacement particulièrement avantageux, au croisement de routes commerciales importantes de la Méditerranée à l’Afrique subsaharienne, au cœur d’une région naturellement généreuse avec des matières premières précieuses pour l’artisanat (pierre, bois, argile). Cela lui permet de développer une riche culture esthétique de la grande tradition de l’art arabo-andalou.
À partir des anciens remparts entourant la médina, nous avons une vue panoramique magnifique sur la ville. Ça fait plaisir de circuler sur les boulevards de la ville nouvelle bordés d’arbres et de verdure. Avenue Hussein-de-Jordanie, boulevard Mohammed-V, avenue de la Liberté et d’Hassan II, avenue des Almohades, des Saadiens… des noms de rues qui racontent l’histoire de Fès. Et quelle histoire! C’est à Idriss II qu’on attribue l’édification de Fès vers l’an 808.
On poursuit notre découverte par la visite du complexe des potiers où l’on en apprend un peu sur la fabrication de la poterie à partir de différents types d’argile et surtout sur le tajine. On se laisse tenter par quelques achats que l’on sait uniques et authentiques; ici, chacun y trouve son compte. Nous nous sommes bien amusés! Allez, hop! On a encore beaucoup à voir, et ce, toujours à pied, car Fès est la plus impressionnante des villes impériales et se trouve être une capitale spirituelle du Royaume et un important centre artisanal.
Nous poursuivons alors notre chemin par la visite de l’école coranique qui nous permet de mieux comprendre les fondements de cette culture totalement différente de la nôtre. Une promenade à Fès, c’est traverser les quartiers les plus anciens depuis le palais royal du XIIIe siècle, en continuant par le quartier de Fès el Jédid et remonter le temps le long des venelles du quartier arabo-andalou de Fès el Bali datant du VIIIe siècle. La région dispose d’un patrimoine historique exceptionnel, d’arts artisanaux et architecturaux distingués.
On ne veut surtout pas manquer la visite guidée de la médina « Fès El Bali », la plus grande médina (vieille ville) du monde avec ses 150 000 habitants, et ce, sans grand changement depuis le XIIe siècle et classée bien sûr par l’UNESCO comme patrimoine de l’humanité. Située derrière un rempart élevé, la médina possède des ruelles étroites et piétonnes où des centaines de commerçants et d’artisans vendent un éventail de produits tels que des dates, du poisson, des épices, des vases de cuivre, des tapis, de la poterie, des articles de cuir remarquables et des instruments de musique.
La Médersa Attarine a été construite entre 1323 et 1325 sous le règne du sultan mérinide Abou Saïd Ouman, où se trouve le célèbre quartier de la tannerie, c’est l’un des endroits les plus spectaculaires de la médina où nous irons après le diner. Effectivement, la faim nous tenaillant après tant de marches, nous nous arrêtons pour diner dans un restaurant, un ancien Riad, où encore une fois nos papilles se sont régalées. Nous avions un choix suffisamment varié pour plaire à tous les palais avec en prime les spécialités locales nous permettant de choisir entre tajine ou couscous, pastilla ou seffa, harira ou briouates, kaab ou cornes de gazelle. Ouf! Ça embaume et c’est succulent!
Ensuite, on s’attarde pour voir différentes entreprises de tissage afin de connaître l’artisanat de la région, puis on se dirige vers les tanneries où certains d’entre nous avons fait des achats après s’être prêtés au jeu des négociations. La tannerie Chouara est sans doute la plus célèbre et impressionnante de Fès; c’est la plus grande et la plus ancienne, vieille de près de mille ans! En plein cœur de la médina, elle offre un spectacle fascinant avec ses grands bassins colorés remplis de teintures naturelles. Des dizaines d’hommes, dont beaucoup sont debout jusqu’à la taille dans les colorants, travaillent sous un soleil souvent brûlant. Les tanneries traitent les peaux de vaches, de moutons, de chèvres et de chameaux, les transformant en articles de cuir de haute qualité tels que des sacs, manteaux, chaussures et souliers. L’odeur peut surprendre au début, mais c’est une partie intégrante de l’expérience. Elle est due aux cuves remplies de chaux, d’urine de vache, d’eau, de sel et d’ammoniac provenant d’excréments de pigeon où les peaux sont plongées quelques jours pour les assouplir et les nettoyer. À voir le temps pris pour préparer les peaux et confectionner les articles, mes voyageurs ont pratiqué l’art de la négociation avec le respect dû pour rendre hommage à tant de travail.
Bon, après cette journée fort remplie, on rentre à l’hôtel pour un souper bien mérité et une soirée toute en douceur. Encore une fois, il nous faudra du repos et une bonne nuit de sommeil, car demain, devinez quoi, une autre grosse journée nous attend!
Bonne nuit!
Manon