C’est sous un ciel gris et de forts vents que nous débarquons à Fortuna Bay, plaine glacière parsemée de sable, de graviers et de ruisseaux. Nous sommes encore accueillis par quelques manchots royaux et otaries. Une marche de 1.5 km nous amène à une colonie de 50,000 couples de manchots royaux qui est la troisième en importance en Géorgie du Sud. Dans une zone tampon, nous voyons des « ménages à trois » mais c’est plutôt un mâle courtisé par deux femelles qui marchent derrière lui.
Malgré les vents et une fine pluie en fin d’excursion, nous n’avons pas froid. Au contraire, nos parkas sont tellement bien isolés que nous avons chaud et les gants ne sont pas nécessaires car la température est clémente.
Au retour, nous passons nos bottes dans un bassin avec des brosses, un guide naturaliste passe un jet d’eau sous nos semelles et sur le bas des sur-pantalons puis nous marchons dans un bac rempli d’une solution désinfectante. Rendus à notre cabine, chacun doit refaire l’inspection de ses tenues d’expédition. Des mesures strictes de bio sécurité s’appliquent à Grytviken où nous allons cet après-midi. Deux guides ont fait le tour de toutes les cabines pour vérifier chaque semelle de bottes. A la sortie, trois autres guides regardaient nos vêtements surtout au niveau des velcros.
Tout le monde est maintenant prêt pour se rendre à Grytviken, première station baleinière de Géorgie du Sud aux airs de village abandonné. Les vestiges de cette industrie y sont encore très présents avec notamment des épaves de navires.
L’autre intérêt historique tient à la présence de la tombe de Sir Ernest Shackelton, cet aventurier britannique, au cimetière des chasseurs de baleines. Une promenade dans ce village fantôme nous amène à voir les anciennes citernes de stockage d’huile à baleine, à visiter l’église qui possède une grande bibliothèque ainsi que le « Musée de la Géorgie du Sud ».
L’attraction principale est d’aller au bureau de poste pour y acheter des cartes postales et les envoyer d’ici. Il ne faut pas être pressé de les recevoir car elles prennent environ deux mois pour se rendre à destination. Petit anecdote: En mars 2022, Sophie a envoyé des cartes postales au Québec et en Suisse. Elles sont toutes arrivées à quelques jours d’intervalles mais… en janvier 2023! La raison est que le dernier ramassage avait été fait et qu’il n’y a pas de poste en hiver (été pour nous). Donc les cartes sont restées à Grytviken jusqu’au retour du printemps (novembre) et ont pris leur deux mois habituels pour arriver.
Tout le long de notre parcours, nous observons des otaries dont des bébés qui tètent leur mère. Ils sont si mignons quand ils nous regardent passer avec leurs grands yeux globuleux et leur petit nez en forme de coeur.
On ne peut rester insensible à l’histoire de Grytviken qui a vu tant de baleines périr. Mais aussi aux baleiniers qui vivaient dans des conditions très difficiles. C’est maintenant l’heure de reprendre notre dernier zodiac pour rentrer au bateau. Certains ont un petit pincement au coeur, mais la tête déjà remplie de merveilleux souvenirs.
C’est avec tristesse que nous quittons la Géorgie du Sud. Cette île est très belle et regorge de vie … une merveille de la nature. Les hautes montagnes escarpées et les fjords côtiers époustouflants font de la navigation un spectacle dont ont se souviendra toujours. À 17:00 heures, le navire met le cap en direction de Montevideo.
Lors du « récap « de ce jour, nous apprenons que nous tous, équipage et passagers de l’Austral, avons obtenu des contrôleurs de la Géorgie du Sud la note de 97 %. Nous étions tous très fiers de voir nos efforts de bio sécurité récompensés.
Au souper, le serveur avec la complicité de Bernard, a substitué le plat principal de Céline par une assiette de carottes râpées, petit clin d’œil à son repas végétarien lors de la soirée en blanc. C’était très rigolo !
À demain,
Sophie & Josée
UN PEU D'HISTOIRE:
La Géorgie du Sud est située dans le sud de l’océan Atlantique, dans le territoire britannique d’outre-mer de la Géorgie du Sud-et-les îles Sandwich du Sud. Plus grande île du groupe de Géorgie du Sud avec 3 755 km2 de superficie, elle représente la majeure partie du territoire de la Géorgie du Sud et des Îles Sandwich du Sud.
C’est une île en forme de croissant bordée par la mer de Scotia sur son littoral sud-ouest et par l’océan Atlantique sud sur ses littoraux nord, nord-est et est. Elle se trouve à 1 357 kilomètres à l’est-sud-est de Stanley, aux îles Malouines, et à 1752 kilomètres à l’est de la péninsule Mitre en Terre de Feu. Très montagneuse, elle compte onze sommets s’élevant à plus de 2 000 mètres, soit plus de 6 500 pieds, d’altitude sous forme de deux chaînes : la chaîne d’Allardyce et la chaîne Salvesen. Le point culminant de l’île est le mont Paget avec 2 935 mètres, soit plus de 9 600 pieds, d’altitude.
Plus de la moitié (56%) de l’île est couverte de glaciers et de neiges éternelles : 123 glaciers y sont répertoriés dont les 5 majeurs sont les glaciers Brogger, Neumayer, Nordenskjöld, Esmark et Novosilski.
Le climat de la Géorgie du Sud est subpolaire océanique avec la présence de vents forts d’ouest, les cinquantièmes hurlants, qui soufflent tout au long de l’année, interrompus par de courtes périodes d’accalmie.
Les cinquantièmes hurlants est le nom attribué aux latitudes situées entre les 50e et 60e parallèles dans la zone de l’océan Austral, proche de l’Antarctique et étroitement lié aux climats que l’on trouve dans cette région : vents violents et mer souvent grosse. Le fameux cap Horn, à la pointe sud de l’Amérique du Sud, se trouve dans cette bande de vent.
On a recensé 25 espèces natives et 50 espèces introduites de plantes vasculaires. On y trouve également 125 espèces de mousses, 200 espèces de lichens et 85 espèces d’hépatiques.
Trois espèces animales ont été introduites par l’homme : le rat brun, la souris commune et le renne ou caribou. Les rongeurs sont devenus une menace importante pour les oiseaux nidifiant sur l’île, dont ils détruisaient les œufs et mangeaient les poussins. Heureusement, ces trois espèces ont été éradiquées depuis 2018.
L’espèce d’éléphants de mer du sud avec la présence de 400 000 individus en Géorgie du Sud en fait le lieu où il est le plus représenté au monde.
On y trouve 30 millions d’oiseaux nicheurs et des colonies de manchot royal.
La plupart des touristes qui visitent la Géorgie du Sud viennent par bateau de croisière, mais certains viennent aussi avec leurs propres bateaux. Il n’y a pas de transport public régulier pour l’île. Les lieux les plus visités sont Grytviken, Stromness et la plaine de Salisbury.
Il n'y a pas besoin d'un visa pour visiter l'île, mais tous les visiteurs, indépendamment de leur nationalité, doivent demander la permission pour venir 60 jours à l'avance. Les frais de débarquement sont près de 170$ par personne. Enfin, toutes les zones de l'île ne peuvent être visitées en raison de la protection de la nature.