Ce matin nous nous éveillons encore tôt car nous ne voulions pas manquer le passage du célèbre Canal Lemaire. Cet étroit chenal a été nommé en l’honneur de l’explorateur belge Charles Lemaire. Il se trouve en-dessous du 65ème parallèle de latitude Sud, à une centaine de kilomètres au Nord du cercle polaire antarctique où nous serons demain.
Le commandant nous avait avisés avant d'aller au lit que nous entrerions dans le canal vers les 5 h 30 du matin. Comme le navire a navigué plus rapidement durant la nuit, le commandant avait stoppé le navire afin d'y entrer à l'heure mentionnée, c'était bien gentil de sa part.
Nous étions donc plusieurs personnes à la timonerie afin de profiter de cette belle passerelle qui mène vers le canal étroit. Nous sommes encore impressionnés par ces hautes montagnes et surtout par ces paysages hors du commun. C'est magnifique de pouvoir admirer tout cela en ce début de matinée. Le Canal Lemaire est souvent fermé ou plutôt rempli de glace et d'icebergs. Comme il est comme un entonnoir toutes ces glaces s'y empilent. Le commandant savait qu'un navire l'avait franchi deux jours auparavant et espérait que les glaces ne s'étaient pas à nouveau accumulées, bloquant le passage. Le navire avance lentement et prudemment entre les nombreux blocs de glace qui dérivent sur l'eau. Le passage se fait sous une lumière voilée avec un soleil tentant de traverser les nuages.
Nous sommes chanceux car le passage est dégagé et nous pourrons poursuivre notre route et surtout faire toutes les sorties prévues de l'autre côté. Cette traversée Nord-Sud permet aux bateaux d'atteindre Port Charcot et l'île de Petermann mais très souvent, particulièrement au début de la saison, les icebergs obstruent le passage, obligeant les navires à rebrousser chemin et à contourner l'île de Booth pour atteindre l'ile de Petermann.
Comme c'est beau et tous les voyageurs tentent d'immortaliser les scènes avec la meilleure photo. La passerelle est un superbe endroit pour voir les commandes et surtout partager cette navigation. De l'autre côté nous nous dirigeons à travers plusieurs gros icebergs vers le Port Charcot. A la sortie nous découvrons l'île Pléneau. Cette île doit son nom à Paul Pléneau qui était le photographe de l'expédition de Charcot en 1903-1905. J'ai de la difficulté à imaginer la prise des ces photos dans des conditions si difficile et surtout sous des températures inhumaines. Grâce à lui l'expédition polaire française conserve de bien beaux souvenirs de cette découverte du continent blanc. Charcot avait nommé cette île en son honneur. Nous approchons tout lentement vers Port-Charcot qui est une baie de l'île Booth dans l'archipel Wilhelm. C'est un arrêt très historique sur une île très joli où avait choisi Charcot de faire son lieu d'hivernage.
La baie a été nommée en l'honneur du docteur Charcot, célèbre neurologue français. Le cairn où sont inscrits les noms des membres de l'expédition est classé comme monument histoirique de l'Antarctique. Nous avons appris ce qu'est un cairn, Alain nous a donné des explications sur ce à quoi servait un cairn. C'était le bureau de poste de l'époque. Charcot avait écrit ses notes, ses recherches et sa prochaine route en avait fait une copie qu'il avait laissé sous ces rochers afin de donner l'information à ceux qui y passeraient. Personne n'y est passé et il a retrouvé le tout intact 5 ans plus tard à sa seconde expédition en Antarctique.
La baie n'est pas à l'abri des vents, de la houle et des icebergs. Des baraques, disparues de nos jours, y ont été construites pour la réalisation d'observations scientifiques. Il reste de cette aventure une cabane magnétique en ruines, un cairn dominant la colline construit par l'équipage juste avant la fin de l'hivernage.
Le lieu accueille une colonie de manchots papous, manchots à jugulaore et des cormorans. On y observe des phoques de Wedell et des léopards de mer. À quelques endroits, on aperçoit des plaques de neige teintée de rouge par une algue microscopique. Ces algues rouges maculent la neige qui alternent avec les lieux de nidification des manchots papous. Nous en profitons pour faire encore une fois de nombreuses photos et surtout d'admirer leur comportement. On ne se lasse pas de les regarder. Les bébés sont si mignons et nous regardent tout curieux. Nous avons la chance de faire une belle photo de groupe avec la vue sur la baie et le navire.
Nous continuons notre sortie cette fois-ci par une balade en zodiaque d'une heure environ à travers les plus beaux des spectacles en zone antarctique, celle de la promenade dans ce que l'on appelle la forêt des icebergs. Nous n'avons plus de mots pour vous décrire cette magnifique expérience que WOW WOW WOW!!!!!! C'est une mer d’icebergs échoués, car en raison des eaux peu profondes ces géants de glace viennent s'échouer dans la baie. La glace blanche et bleue se décline en d'innombrables nuances. Ces édifices de glace, paraissant immobiles comme figés par la glace, sont pourtant bien mouvants, ils sont balancés par le rythme des marées, qui les échoue, les retourne et parfois les brise. Nous apercevons des phoques se prélassant au soleil ou jouant dans l'eau glaciale. C'est un moment qui restera gravé dans notre mémoire. Sophie a réussi à photographier un krill qui ressemble à un bébé crevette et qui est la nourriture de presque tous les cétacés d'Antarctiques. Jean-Pierre, notre conducteur naturaliste, dit que c'est bien rare de pouvoir faire une photo de krill. Les photos sont irréelles dans ce paysage de glace. Nous retournons au navire et le soleil prend de l'intensité et tous les nuages se dissipent pour nous laisser entrevoir le plus beau des paysages à ce jour. Comme le bateau est immobilisé nous n'avons pas suffisamment de nos deux yeux pour tout enregistrer. Encore une fois nous sommes sans mots.
De retour au navirem on sent toutes l'excitation encore bien palpable mais tout s'amplifie car le soleil est sorti et le ciel bleu illumine les montagnes et les glaciers qui nous entourent. Il fait tellement beau et chaud que nous recherchons une table dehors au soleil pour profiter de ce décor de rêve inoubliable. Juste à voir la photo vous allez comprendre notre euphorie. J'ai mangé dehors en chandail à manche longue et il faisait bon. Plusieurs se sont installés sur les chaises longues bordant la piscine pour admirer le décor. Attendez de voir les photos et vous allez comprendre que ce fût un des moments forts de notre voyage. Mais ce n'était pas du tout fini il nous restait une belle navigation à travers les icebergs sur notre beau navire le Boréal et ensuite notre dernière escale de la journée à Petermann.
Nous voilà prêts à faire notre sortie en zodiaque à Petermann Island. Le soleil est au rendez-vous et la température est beaucoup plus clémente que ce matin, heureusement. Il fait même un peu chaud car nous n’avions pris aucune chance et nous étions bien emmitouflés.
Une courte distance en zodiaque et nous voici sur l’île Petermann qui est une petite île située sur la côte ouest de la péninsule Antarctique, à une courte distance au sud de l’île Booth et du canal Lemaire. Elle fait 2 km de long, est arrondie et basse. Elle héberge la colonie la plus au sud du monde de manchots papou et accueille aussi un certain nombre de manchots Adélie que nous avons eu la chance de voir. Nos guides nous apprennent un peu plus sur le lieu d’hivernage de Jean-Baptiste Charcot sur l’île de Petermann. C’est au cours de cette expédition allemande menée de 1873-1874, que l’île Petermann, située à 65° 06′ sud et 64° 06′ ouest, au sud du Canal Lemaire et de l’Ile Booth, a été découverte et nommée ainsi en l’honneur du géographe August Petermann.
Un peu plus tard dans l’histoire, cette île sera de nouveau fréquentée, notamment par l’expédition antarctique française menée par Jean-Baptiste Charcot de 1908 à 1910. Charcot et son équipage hivernèrent ainsi avec leur navire le Pourquoi-pas ? dans une toute petite baie de quelques mètres carrés appelée Port Circoncision, en raison du fait que les hommes l’abordèrent le 1er janvier 1909, jour de la circoncision de Jésus dans le calendrier liturgique catholique.
Une cabane orange qui fait fonction d’habitat de secours, marque à peu de distance l’endroit de notre débarquement. Au pied d’une façade de granit, gravé dans la roche, les lettres « P P », les initiales du Pourquoi-Pas.
Tout de suite en débarquant nous sommes séduits à nouveau par tous ces petits manchots que l’on peut presque toucher. Les parents finissent de nourrir leurs poussins qui quitteront leur nid d’ici quelques semaines. Nous pouvionsm si nous le désirions, marcher vers le sommet de la montagne pour y apprécier la vue de la baie et de son immense glacier bleuté. Plusieurs ont décidé de monter et nous avons même enlevé nos manteaux rouges Ponant car il faisait assez chaud sous le soleil de l’Antarctique. Nous devons mettre de la crème en quantité car on brûle facilement ici avec la réverbération du soleil sur la neige d’un blanc immaculé. Nous avons un plaisir à monter tout en haut et les photos sont vraiment splendides encore une fois. En descendant c’est le temps de s’amuser, de se lancer des balles de neige, de glisser et de rire surtout! Quel beau groupe!
Quelle journée !!!!
Une belle finale avant de traverser le cercle antarctique demain matin.
Un autre beau souper et juste avant le souper un spectacle incroyable juste sur mon balcon, un groupe de baleines qui étaient juste en bas. J’étais bien excitée et j’ai tenté de faire un vidéo et des photos en même temps mais finalement le plus important était de les regarder et surtout de les entendre. Un souvenir inoubliable pour moi mais j’ai tout de même réussi à prendre quelques photos et une petite vidéo pour vous.
Merci de nous lire en direct du paradis!!!