14e récit - samedi le 25 avril - Drigung Thil village
Nous avons quitté Lhassa ce matin pour aller à la découverte de la région. Il faisait un peu froid au départ mais le temps s’est vite ajusté et nous avons eu un bon 13 degrés en après-midi. Les paysages étaient très jolis sur notre route mais c’était surtout intéressant de voir les petits villages, les constructions si différentes du reste du monde. Les clôtures avec sur le dessus des rondelles de merde de yak qu’ils font sécher au soleil et qui leur servira de combustibles pour l’hiver. Oui on chauffe avec de la merde ici comme dans d’autres pays mais c’est toujours un peu surprenant. Ici surtout puisque dans chaque village toutes les clôtures avaient jusqu’à 4 étages de ces rondelles toutes bien tassées.
Nous avons roulé jusqu’à un village que l’on appelle Drigung Thil. Un ancien village avec un superbe monastère bouddhiste datant de 1179. Un village qui ne pouvait pas être plus authentique, perché à flanc de montagne : il était magnifique.
Nous sommes arrivés et je peux vous dire que peu de touristes viennent visiter ce village. Notre assistant tibétain s’est arrangé pour que l’on puisse visiter le monastère et surtout que l’on puisse y faire des photos car souvent on ne peut faire de photos à l’intérieur. Les photos sont superbes et vous verrez ce vieux monastère dans toutes ses couleurs.
Nous avons appris plein de choses sur leurs traditions. Laissez-moi vous parler d’une en particulier qui a capté notre attention. Un peu difficile de lire ceci, pour les natures sensibles… Après les crémations au Népal, nous avons appris qu’ici dans ce village, on fait des funérailles célestes. Au Tibet, c’est une coutume des plus exotiques, venue tout droit du lointain Tibet. Nommées « funérailles célestes », elles consistent à exposer le corps des défunts sur le haut d’une montagne pour que les rapaces viennent le dévorer. Barbare dites-vous ?
Eh bien figurez-vous que pas du tout. La raison d’un tel agissement vient d’abord d’un aspect purement « pratique » : le Tibet est un pays majoritairement montagneux, avec peu d’arbres. Il y a donc peu de sols disponibles pour enterrer les morts, et peu d’arbres pour organiser des bûchers. Il faut donc une autre solution. De plus, les Tibétains sont bouddhistes, philosophie qui prône la réincarnation. Selon eux, une fois la personne décédée, son âme va dans l’au-delà pour être ensuite réincarnée, alors que l’enveloppe de chair restée sur terre n’est plus qu’une simple coquille vide. Le fait de nourrir les rapaces avec cette chair est considéré comme un retour complet à la nature, le dernier don de soi de la part du défunt à la terre qui l’a fait naître. Cependant, le jhator est une cérémonie très codifiée et chère. Les gens qui ne peuvent pas offrir la cérémonie proprement dite au corps du défunt se contentent de placer le corps sur des hauteurs afin que celui-ci soit dévoré par les rapaces. Pour ceux qui peuvent se l’offrir, s’ensuit un véritable rituel. Il se déroule habituellement dans un monastère, tel que le monastère de Drigung. Le corps est placé sur une pierre plate qui sert spécialement à cet usage. Avant le rituel, un moine chante en tournant autour du corps et brûle des encens. Puis le corps est littéralement découpé par les Rogyapas (découpeurs de corps). La chair est séparée du squelette, pétrie puis mélangée à de la farine d’orge, du thé et du lait de Yak. Enfin les vautours sont appelés à manger. Il peut y en avoir beaucoup : jusqu’à 200 sur un seul corps ! Et rien (à part le squelette) n’est laissé.
Coutume intéressante, qui peut nous sembler étrange, voire dégoûtante, mais dont la logique est difficilement réfutable.
Nous avons assisté à la procession des pèlerins faisant leur prière en se jetant à plat ventre. Et nous avons visités les endroits de prières. Bien c’était le temps de notre dîner, oui un restaurant… nous n’avions pas beaucoup le choix. Nous avons partagé des nouilles dans un restaurant très authentiques avec les tibétains. Les photos parleront d’elles-mêmes et ce fût une expérience à part que nous avons vécu tous ensemble.
De retour vers Lhassa par une autre route afin d’arrêter pour la vue du très beau monastère de Ganden qui est une des trois grandes universités monastiques Gelugpa du Tibet. Il a été fondé en 1409 par le maître tibétain Tsongkhapa. Il est situé au-dessus de la montagne de Wangbur à une altitude de 4300 mètres. Étant la plus éloignée de Lhassa des trois universités monastiques, Ganden a traditionnellement eu une plus petite population avec environ 6000 moines au début du xxe siècle. Depuis l'invasion chinoise du Tibet, Ganden ne compte pas plus de 300 moines et il est devenu difficile d'y maintenir l’enseignement traditionnel, notamment du fait de campagnes de rééducation demandant aux moines de dénoncer le Dalaï Lama. Dans cet ordre d’idée, Jigme Gyatso, moine du monastère de Ganden, a été condamné le 23 novembre 1996 à 15 années d’emprisonnement pour son soutien au Dalaï Lama. Le monastère de Ganden a été reconstruit depuis dans les années 1980. En 1994, l’ancienne cité monastique de Ganden, fondée en 1409 qui comportait 500 bâtiments dont un grand monastère et une université réputée, ressemblait encore à une ville morte. Sous la révolution culturelle, le monastère principal, et les salles de cérémonie et de réunion furent pillés, et la plus grande partie fut détruite à la dynamite. Après 10 ans d’abandon, les lamas revinrent en 1985 et débutèrent la restauration d’une douzaine de bâtiments. En 1994, la police investit les lieux, et des équipes de rééducations patriotiques s’installèrent exigeant aux moines de dénoncer le Dalaï Lama, des moines furent arrêtés, et d’autres s’enfuirent.
Suite aux troubles au Tibet en 2008, le monastère de Ganden était fermé en décembre 2008.
Beau point de vue pour nos photos et c’était le temps de revenir vers Lhassa. Sur notre route nous avons pris une belle photo d’une maman yak qui venait de mettre au monde un petit yak. Ce sont de bien beaux animaux.
Bonne nuit et a demain!
Louise