Jour 23 : Vendredi, 7 février 2025 Singapour, Singapour
Bonjour à vous,
Avec quelques jours de retard, je vous raconte nos deux dernières journées de ce merveilleux voyage que nous avons réalisé.
Après le déjeuner sur le navire, nous débarquions pour visiter la ville de Singapour. Encore une fois, notre guide francophone Malcom était très intéressant. Nous avons eu le plaisir de rencontrer et d’accueillir Marie-Claude et sa mère Micheline, deux Québécoises qui se sont jointes à notre groupe pour la journée.
Malcom, nous a présenté le programme du jour comme un marathon, je le décrirais à mon tour, comme la finale d’un feu d’artifice !
Nous avons d’abord fait un arrêt au Parc Merlion pour observer des vues superbes sur la Marina et pour prendre des photos du Merlion, l’icône touristique renommée de Singapour, une créature mythologique moitié-lion, moitié poisson. Cette partie de la ville est une véritable carte postale de Singapour. Nous avions une superbe vue sur d’autres monumentales créations singapourienne dont l’une signée Moshe Safdie, l’hôtel de luxe Marina Bay Sands, dans le sud de la ville, qui surplombe la Marina Bay, une zone de plus de 100 hectares gagnée sur la mer par du remblayage effectué à partir des années 1970 jusqu’aux années 1990. Le site de 20 hectares abrite plus de 2500 chambres d’hôtel, des boutiques de luxe, un casino, un musée, d’innombrables restaurants, etc. Pièce maîtresse de la construction, la terrasse de 150 mètres de long en forme de bateau domine les trois tours de 56 étages. C’est ici que notre guide Malcom nous explique que dans les faits, ce que nous pensions tous être la représentation d’un bateau au sommet des édifices est en fait, la représentation d’une demi-lune avec 5 étoiles. Ici l’architecture, qui est tellement spectaculaire, respecterait les règles du Feng shui. Littéralement, « Feng » signifie vent et « Shui » eau. Pour les habitants de la Chine ancienne, ces éléments naturels matérialisaient l’énergie du ciel et de la terre. En mouvement, cette énergie est bénéfique. Excessive ou stagnante, elle peut devenir négative. Le Feng Shui est un art millénaire, taoïste, au même titre que la médecine traditionnelle chinoise ou l’acupuncture. Il peut être considéré comme une médecine de l’habitat visant à harmoniser l’énergie environnementale d’un lieu de manière à favoriser la santé, le bien-être et la prospérité de ses occupants. Le Feng Shui vise ainsi à agencer les habitations en fonction des flux visibles (les cours d’eau) et invisibles (les vents) pour obtenir un équilibre des forces et une circulation de l’énergie environnante : le « Qi » (prononcé « chi »). Malcom nous a aussi parlé du principe du Yin et du Yang. Ce sont des opposés qui décrivent les qualités du Qi. Le Yin est associé à la nuit, le froid, le féminin et le négatif. Le Yang est associé au jour, au chaud, à la positivité et à la masculinité. Il nous a donné de bons conseils en lien avec la médecine traditionnelle chinoise.
L’un des endroits les plus Feng Shui à Singapour est sans doute la Marina, avec le Art Science Museum en forme de fleur de lotus qui peut aussi représenter une main ouverte, les trois dômes du centre commercial The Shoppes dont la forme rappelle la carapace de la tortue un animal symbolique du Feng Shui et le Marina Bay Sands, gardien protecteur de Singapour.
Notre guide Malcom était un fervent adepte du Feng Shui et avait une connaissance approfondie de ses principes qui assurent l’harmonie et la prospérité. Singapour donne en apparence l’impression d’une ville construite pour assurer sa réussite économique et sa prospérité matérielle. Les réseaux de circulation fonctionnent bien, nous y entendons aucun bruit de klaxon, tout semble si paisible pour une si forte densité de population.
Singapour était à l'origine un village de pêcheurs jusqu'en 1819, date à laquelle le marin britannique Sir Thomas Stamford Raffles l'acheta au nom de la Compagnie des Indes orientales au sultan de Johor pour ouvrir une route vers la Chine et empêcher les Néerlandais de progresser dans la région.
En 1823, la Compagnie a incorporé Singapour dans la principauté britannique du Bengale. En 1826, avec Malacca et Penang, elle est devenue partie intégrante des Établissements des Détroits, dépendant alors du gouvernement britannique.
En 1837, elle devint la capitale des Colonies, remplaçant Penang. Sa position stratégique et son statut de port franc ont fait de Singapour un important centre commercial qui a attiré de nombreux immigrants chinois qui ont rapidement dépassé la population malaise.
Passage obligé entre l'océan Indien et le Pacifique, et escale pour les navires britanniques entre la métropole et Hong Kong, le Japon et l'Indochine, Singapour a connu un grand essor commercial pour devenir le centre mondial du caoutchouc. Cette importance est devenue d’autant plus grande avec l'ouverture du canal de Suez. En 1942, pendant la Seconde Guerre mondiale, Singapour a été occupée par les forces japonaises de Malaisie, qui ont changé son nom pour devenir Syonan ou "Lumière du Sud". Trois ans et demi plus tard, le 6 septembre 1945, Singapour a été récupérée par les troupes britanniques.
En 1946, Singapour a reçu le statut de colonie britannique, séparée de Penang et de Malacca.
À la suite de plusieurs révoltes, la Grande-Bretagne reconnaît en 1959 l'autonomie de l'État de Singapour, au sein du Commonwealth. Malcom nous a expliqué qu’une loi interdit la protestation, cependant dans la ville nous retrouvons des parcs de la parole, où il est possible de manifester.
En 1963, Singapour a accédé à l'indépendance totale et fait partie de la Fédération de Malaisie, mais deux ans plus tard, en 1965, elle s'est séparée de la Fédération en raison de désaccords avec le gouvernement fédéral et est devenue un État souverain.
Dès lors, une politique internationale neutre et des accords commerciaux ont conduit ce petit État, le plus petit des pays de l'Asie du Sud-Est (environ 700 km², soit la même superficie que l'île de Minorque), à une croissance démographique, commerciale et financière continuelle.
Cette croissance l'a forcée à s'étendre dans ses eaux territoriales, provoquant des affrontements diplomatiques avec les pays voisins. Neuf nouvelles îles ont surgi de la mer, l'aéroport Changi lui-même a été construit sur des terres gagnées sur la mer. Singapour a été surnommée "l'île en pleine croissance" en 1869. Cette croissance nous la percevons par un développement urbain harmonieux et songé. Avec une densité de population et un besoin constant de main-d’œuvre, Singapour a été imaginatif pour l’approvisionnement en eau potable. L’eau potable provient de 3 sources. L’eau de pluie, de la mer et des eaux usées. Toutes trois, traitées et filtrées et rendues potables pour la population.
Cette population de 6 millions de personnes est composée de Singapouriens et de deux millions d’étrangers. Il y a plus de 300 000 Malaisiens qui font l’aller-retour de la Malaisie chaque jour pour venir travailler à Singapour, ils ne peuvent y résider. Tout semble règlementé ici pour contrôler la démographie et la circulation. Par exemple, les travailleurs étrangers peuvent venir y travailler pour un contrat de deux ans à condition qu’ils n’aient pas d’enfant et doivent repartir par la suite. La ville n’encourage pas les liens entre les étrangers, afin qu’ils ne se marient pas et n’aient pas d’enfant à Singapour. Les règles sont draconiennes pour contrôler l’immigration. Aussi, les voitures sont vendues aux enchères pour en contrôler le nombre en circulation. Quant aux appartements, ils sont vendus pour héberger au maximum 2 générations, soit pour un maximum de 99 ans, par la suite, ils reviennent à l’état. Le gouvernement est très riche. Le pays a atteint en 50 ans le 3e rang des pays les plus riches au monde en termes de revenus par habitant.
Nous avons par la suite visité le National Orchid Garden. Il accueille une exposition tentaculaire de 60 000 orchidées répertoriées à l’intérieur de 400 espèces, ainsi que plus de 2 000 hybrides. Nous en avons profité pour prendre de nombreuses photos. C’était tellement joli et apaisant cet endroit. Louise et moi n’étions pas les seules amoureuses de ces belles fleurs.
Nous nous sommes rendus au prestigieux restaurant Skai. Situé au 70e étage du célèbre Swissôtel de Stamford, la vue était imprenable sur la ville. Le repas que nous avons dégusté était tellement délicieux. Il faut dire que ce restaurant gastronomique est étoilé au Guide Michelin. Louise nous avait réservé cette belle surprise qui a été fort appréciée par les voyageurs. Nous en avons profité pour souhaiter un joyeux anniversaire à André. Cela nous prenait un endroit prestigieux pour célébrer cet homme si attentionné.
Après cela, nous avons visité la Singapour City Gallery. Cette visite nous a permis de mieux comprendre comment le développement est vu et prévu et l’espace optimisé à Singapour. Prévoir le futur est une politique qui semble être de mise ! Il y avait une maquette géante, des films, des photos qui démontrent l’évolution de Singapour et la construction de ses quartiers. J’ai adoré cette exposition.
À la sortie de l’exposition, nous avons traversé la Food court. Évidement l’outre mangeur du groupe, que je ne nommerai pas, en a profité pour manger le fameux chicken rice qui a remporté le concours contre nulle autre que Gordon Ramsey. Je vous rappelle que nous venions de manger un succulent repas dans un restaurant étoilé Michelin, il y a seulement une heure de cela.
L’excursion s’est poursuivie avec la visite du Temple Thian Hock Keng, l’un des plus anciens temples bouddhistes et taoïstes de Singapour, avant de nous rendre dans le quartier chinois.
Il y avait des boutiques de médecine naturelle, d’acupuncture, de calligraphie, de thés. Nous sommes entrés dans le Buddha Tooth Relic Temple, un temple bouddhiste chinois au cœur du quartier chinois. Le temple présente de nombreuses facettes des arts et de la culture bouddhiste de Singapour.
Friand d’architecture, notre guide nous a fait visiter Parkview Square, un gratte-ciel de 144 mètres de hauteur et de 24 étages, construit en 2002. La construction a duré 3 ans. À l’intérieur, les décorations sont très luxueuses, ce qui en fait l’immeuble à bureaux le plus coûteux de Singapour. Il y avait, entres autres, des sculptures de plusieurs artistes reconnus, dont deux de Salvador Dali à l’intérieur et la remarquable « Dressed Woman » de Fernando Botero à l’extérieur, vraiment les amateurs d’art étaient ravis.
Nous avons aussi fait un arrêt dans le quartier de « Little India », qui nous a enivrés avec les senteurs des bâtons d’encens parfumés au jasmin ou aux épices.
Nous avons dégusté un très bon souper dans un restaurant italien où la nourriture était autant délicieuse que généreuse. La vue sur la ville qui commençait à s’illuminer était splendide, nous avons même eu droit à un petit feu d’artifice.
Après le souper, nous sommes montés à bord d’un « bumboat » pour une croisière le long de la rivière Singapour, en admirant les boutiques magnifiquement restaurées, les gratte-ciel modernes du quartier financier, les bâtiments coloniaux et la statue emblématique du Merlion. Nous avons été charmé par les magnifiques feux d’artifice qui est nous a surpris et charmé pendant la navigation. Que de beauté !
Après tous ces moments de ravissement, nous nous sommes dirigés vers l’aéroport pour notre vol vers Doha. Nous pouvions dire que nous avons bien trotté à Singapour avec notre journée complète de visites de la ville.
À l’aéroport, nous étions tous un peu fatigués de notre longue journée d’exploration. Dommage le comptoir de Qatar n’est pas encore ouvert. Notre guide nous propose d’aller deux étages plus bas s’enregistrer au « early Check-in » qui devait être ouvert. On accepte, car Louise avait fait la réservation d’un salon pour aller prendre une douche et se reposer avant notre vol prévu dans la nuit. Nous nous dirigeons donc vers les escaliers roulant pour ceux avec des chariots à valises. Louise s’engage dans la première suivie par le reste du groupe. Le premier étage passé, l’on arrive à un palier et on s’engage dans le deuxième escalier roulant pour les chariots et voyageurs. Tout s’est bien déroulé pour les premiers voyageurs qui suivaient Louise. Mais arrivé sur le dernier palier on se retourne et on voit une tragédie se dessiner. L’aéroport moderne et récent de Singapour devait être à la fine pointe de la technologie mais on réalise que non. Un chariot à bagages, qui bascule sur un tapis roulant, des voyageurs qui trébuchent, des valises qui s’empilent par-dessus, des costaux voyageurs qui projettent les valises plus loin, notre menue Ginette qui tente de retenir Gilles et… Le héros des héros Pierre Fournier, l’ingénieur au sang-froid, qui enjambe la rampe et effectue un plongeon pour mettre fin à l’empilement en appuyant sur le bouton d’arrêt d’urgence. Il m’a dit ne pas avoir pensé du tout et s’être engagé à trouver le fameux bouton d’urgence pour arrêter le tapis. Je me souviens avoir vu Pierre faire la chandelle en tentant d’accrocher le bouton rouge. Tout un acrobate mais sans lui, je n’ose pas penser à ce qui aurait pu arriver… Quelques égratignures, rien de grave, mais qu’elle histoire à raconter. Le périple se poursuit en évitant les tapis roulants et l’on se rend à nos salons respectifs pour prendre une bonne douche avant les longs vols qui nous attendent. On se sent bien après la douche et le vol prévu est à l’heure. Nous sommes prêts pour le retour.
Djou Djou