Nous débutons notre journée par une splendide navigation encore une fois sous le soleil, avec quelques nuages qui nous rejoignent de temps en temps mais quelle chance nous avons. On se le dit constamment car il est bien rare d’accumuler autant de belles journées en Patagonie. Il faut avouer que chaque voyage en Patagonie est une surprise. À la même période, d’une année à l’autre, tout est possible et en particulier sur le plan climatique on ne peut se fier à ce que nous avons déjà eu comme température.
Le navire s’engouffre dans l’étroit fjord Garibaldi, bordé de forêts verticales, agrippées aux falaises abruptes dont les sommets baignent encore dans cette neige éternelle qui résiste aux températures plus clémentes de l’été. Tout d’abord, revenons au Glacier Garibaldi, qui compte parmi les plus étonnants glaciers d'Amérique du Sud. Lorsque nous entrons dans le fjord Garibaldi, où deux glaciers s’élèvent avec comme toile de fond une chaine de montagne magnifique, la cordillère Darwin qui est le prolongement de la cordillère des Andes, colonne vertébrale de toute l’Amérique du Sud, on ne peut qu’être émerveillés! C’est vraiment un très beau glacier à voir.
De notre balcon, nous pouvons admirer les hautes montagnes et les glaciers qui couronnent celles-ci. Nous attendons le commentaire du commandant Garcia qui nous invite à l’avant pour l’approche du Glacier Garibaldi. Le vent est très fort et on doit s’agripper aux balustrades pour ne pas tomber. J’ai de bien drôles de photos… Nous avions un débarquement prévu à cet endroit mais Dame Nature en a décidé autrement et c’était impensable de sortir en zodiac dans ces conditions de vent. Par contre, le soleil frappait sur le glacier pour l’illuminer de cette belle couleur bleue. Quand le soleil décide d’être acteur de la scène, le paysage qui se profile est magique, mêlant le vert sombre de l’épaisse forêt et le teint bleuté du glacier. Comme souvent, les rayons transpercent la glace pour offrir aux photographes des tons d’un bleu turquoise et lumineux, on prend des photos encore des photos car l’on ne peut s’en empêcher heureusement que nous sommes loin de nos anciens appareils avec des pellicules.
Je peux vous dire aujourd’hui, en écrivant mon récit, que ce fût pour le mieux car oui nous avons admiré ce beau glacier mais comme nous n’avons pas fait d’expédition zodiac nous avons rebroussé chemin et emprunté un autre fjord jusqu’au magnifique Glacier Pia ou=ù nous avons pu faire un débarquement en zodiac. Ce fût le summum car il est plus que magnifique ce dernier glacier et c’est celui qui restera marqué à jamais dans notre mémoire, ce Pia. Notre bateau fait demi-tour et jusqu’au dîner, il emprunte donc à nouveau le fjord Garibaldi puis le canal Beagle pour rejoindre le dernier grand glacier du voyage, et le plus impressionnant, le glacier Pia. En chemin, plusieurs cascades s'écoulent des glaciers pour se jeter dans le fjord. Quel spectacle! Je suis comme une girouette je sors sur le balcon, je photographie et m’émerveille, je rentre pour continuer d’écrire mes récits et immortaliser mes photos et je lève les yeux sur les paysages qui sont toujours plus beaux. Je recommence donc mon petit jeu tout le reste de la matinée.
Tout de suite après le dîner on s’approche du glacier Pia. Le glacier Pia est d’après moi le plus important glacier visible durant notre voyage. Un colosse d’environ 1.3 kilomètre de large et long de plus de 3 kilomètres et sa hauteur d’après les livres serait de 100 mètres. Même à une distance de sécurité d’environ 400 mètres, chaque petit humain dans sa parka rouge à bord d’un zodiac et qui se promène devant semble n’être qu’un point de couleur. Le glacier Pia sans cesse en mouvement craque, explose et forme des crevasses. À intervalles réguliers, d’impressionnants grondements nous indiquent que des morceaux de glace se détachent du glacier et tombent dans l’eau avec grand fracas. Jusqu’à ce qu’un coup de tonnerre plus fort que les autres parvienne aux oreilles des voyageurs attentifs et curieux que nous sommes. Bien décidés à observer ces chutes de glace, nous attendons assis dans nos zodiacs ces moments inoubliables. Les vagues puissantes emportent avec elles ces débris de glace fraîchement tombés. Nous avons été chanceux et plusieurs blocs de glace se sont détachés durant notre balade en zodiac. Les glaciers peuvent parfois sembler sales, pollués par de larges trainées grises ou noires. En réalité, il s’agit de la moraine, une accumulation de roches, de sable ou d’argile transportés par le glacier durant son avancée. Surtout sur ce glacier le versant droit était tout gris comme sur les photos mais sous le gris prononcé on retrouve la glace rapidement. Rester quelques minutes face à cette immensité glacée est une expérience indescriptible. Aucune photo ne rend suffisamment forte cette ambiance unique et la sensation de puissance presque effrayante qui émane du glacier. De retour sur le navire pour un petit café bien mérité et heureux de cette superbe journée de navigation et de découvertes. Un pur bonheur!
Ce soir ce sera notre deuxième souper de gala avec la présentation de tous les membres d’équipage. Une autre belle soirée à venir.
Louise