C’est sous la pluie et un ciel rempli de nuages noirs et sombres que nous avons quitté Nazaré, non sans un petit pincement au cœur. Quelle belle ville… et que dire de la mer omniprésente et qui berce les rivages de cette grande bourgade. La majorité d’entre nous ont adoré !
Au tout début de la série de photos, vous aurez un aperçu d’une soirée de la veille sous le signe du rire et de la bonne humeur… peut-être que le vino a aidé à être joyeux, mais sachez que nous sommes une belle gang et heureux de voyager ensemble! Même qu’aux dires de notre guide préféré Patrick, nous vivons un peu une téléréalité de voyage – nous mangeons ensemble, nous nous véhiculons ensemble, nous rions et chantons ensemble… mais non, nous ne dormons pas ensemble… pas encore ! Et cela n’est pas prévu non plus dans l’horaire du voyage au Portugal ! (sourire).
On s’est rappelés également qu’aujourd’hui, c’est le jour de l’Action de Grâces… une belle façon de dire « Merci la Vie » pour tout ce qu’elle nous offre. Et elle est comme cela la Vie, plus on la remercie et plus elle continue d’être généreuse avec nous.
« Obrigado a vida ! » pour les hommes. « Obrigada a vida ! » pour les femmes. J’espère que mon portugais est correct… je n’avais pas de traducteur à portée de main.
Nous avions plus d’une heure pour nous rendre dans la région de l'Alentejo, l'une des sept régions du Portugal couvrant près de 32 000 km2 , comprenant une grande partie de la moitié sud du pays et est très connue pour son tourisme rural et écologique. Au point de vue étymologique, le mot Alentejo signifierait « au-delà » du Tage » (fleuve qui sépare le pays en deux), en complémentarité avec la région plus au nord nommée Ribatejo « au-dessus du Tage ». Il est également avancé aussi une étymologie liée au peuple Alain qui se traduirait « le Tage des Alains ». Cette région est caractérisée par ses nombreux exemples d’art mégalithiques tels les dolmens ou cromlechs (alignement de menhirs formant une enceinte de pierres levées, généralement circulaire), ainsi que ses vestiges romains antiques, ses villes fortifiées, héritage de la conquête islamique sur le christianisme médiéval, puis par les nombreux témoignages de la reconquête chrétienne.
C’est au domaine Casa Cadaval que nous avons eu le bonheur de visiter les lieux et faire une dégustation de trois vins produits par cette maison renommée nichée sur une terre de plus de 5 400 hectares. Cette propriété ancestrale appartient depuis longtemps à la famille Alvares Pereira de Melo depuis 1648, et est dirigée par des femmes depuis cinq générations. Un endroit familial où nous avons été super bien accueillis et où on a mangé comme des reines et des rois… Ouf ! Décidément, il nous faudra faire la diète à notre retour… pain et eau à volonté !!!
Le domaine est réputé bien entendu pour toutes ses activités vinicoles avec une production de plus de 200 000 litres par année, mais aussi pour ses forêts de chênes lièges, l’agriculture de fruits et légumes, et l’élevage de porc « porco pratto », un petit cochon noir nourri aux noix et qui est un mets de choix au Portugal. Mais ce qui fait également la réputation de ce lieu est que la Casa Cadaval est la plus vieille maison d’éleveurs de chevaux lusitaniens, et l’une des plus réputée au monde. Sur le domaine, on y retrouve plus de 70 chevaux dont un qui était en entraînement lors de notre visite matinale.
Les nombreuses gouttelettes de pluie qui tombaient ce matin ont permis de mettre une ambiance de calme et de sérénité… histoire de nous ramener quelques instants au Québec, nous rappelant que l’Automne est bel et bien arrivé avec l’Action de Grâces qui nous rappelle toute l’abondance de la Vie !
Mais comme nous avions soufflé sur les nuages, et que l’on avait demandé en plus un ange de soleil, nous avons vu Galarneau se montrer le bout du nez sur l’heure du midi, si bien que c’est sous les chauds rayons du soleil et un ciel de plus en plus bleu, que l’on a pris la route vers Évora… non sans dormir un tout petit peu dans l’autobus. « Le bedon bien plein, ça dort si bien » ! (sourire).
Avec notre guide de la ville d’Évora, nous avons marché dans les rues de la ville ancestrale pour nous diriger vers l’Église de São Francisco ou connue aussi sur l'église Saint-François d’Assise. Évora est une ville située à environ 140 km à l’est de Lisbonne, dans la région de l’Alentejo. Le centre-ville historique a été classé au Patrimoine mondial en 1986. En raison de sa richesse historique, Évora est appelée aussi « ville-musée ». Elle a conservé d’un riche passé de nombreux palais médiévaux et renaissance qui en font un musée de l’architecture portugaise.
Revenons à l’église de Saint-François qui sur sa façade se découpe un narthex aux arcs de styles différents, un exemple typique du « mariage » des styles gothique et mauresque que l’on retrouve dans tant de monuments de cette région du Portugal. Rappelons qu’un « narthex » est un portique interne aménagé à l’entrée de certaines églises paléochrétiennes ou médiévales. C’est un lieu qui fait transition entre l’extérieur et l’intérieur, le profane et le sacré. C’est un espace intermédiaire avant d’accéder à la nef proprement dite. Maintenant, nous le savons ! (sourire). Sur le portail manuélin, on remarque les devises des rois qui la firent construire, João II et Manuel 1er, respectivement le pélican et la sphère armillaire (le globe terrestre) représentant les nombreuses conquêtes.
Cette même église a la particularité de posséder une seule nef qui se termine par une voûte nervurée, la plus grande ouverture dans le gothique portugais. Sur les côtés se trouvent douze chapelles, toute revêtues de sculptures en bois baroques et où y retrouve quelques saints ou saintes, comme Ste-Thérèse de l’Enfant-Jésus (ou Ste-Thérèse de Lisieux). La chapelle principale date du début du 16ème siècle, et elle conserve des éléments caractéristiques de la Renaissance comme les chaires. En observant la chapelle du Tiers Ordre, dans l’un des bras du transept (nef transversale qui coupe à angle droit la nef principale d’une église et qui lui donne ainsi la forme symbolique d’une croix latine), l’harmonieuse décoration en pierre, en bois sculpté et en azulejos. Vous vous souvenez ce que sont les azulejos : il s’agit d’un carreau ou un ensemble de carreaux de faïence décorés souvent peints en bleu. Il y en a beaucoup au Portugal !
À l’intérieur, on peut également visiter la curieuse (appelée aussi lugubre) Chapelle des Os (Capela dos Ossos) l’un des monuments les plus connus d’Évora. Il s’agit d’une petite chapelle intérieure située à proximité de l’église Saint-François. Elle aussi est inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. La Capela dos Ossos fut construite au 16ème siècle (entre 1465 et 1550) par un moine franciscain qui, dans l’esprit de la Contre-Réforme de la région, voulait mener ses frères vers la contemplation et transmettre un message du caractère éphémère et transitoire de la vie. Cela est clairement exprimé via l’inscription à l’entrée « Nos ossos que aqui estamos pelos vossos esperamos » (« Nous, les os ici présents attendons que les vôtres nous rejoignent »).
Le nombre de squelettes estimés pour réaliser cette œuvre est de 5 000, en provenant des cimetières établis au sein d’églises des alentours. Certains habitants affirment que ce serait les os des victimes de la peste ou de combattants morts au cours d’une bataille qui se tient non loin. Certains crânes sont ornés de graffitis. Deux cadavres en dessiccation, dont un enfant, sont par ailleurs pendus par des chaînes. La phrase « Melior est dies mortis die nativitatis » (« Le jour de la mort vaut mieux que celui de la naissance ») tirée de la Bible hébraïque est inscrite au plafond. Les ossements des moines qui ont édifié la chapelle se trouvent quant à eux dans de petits coffres blancs.
Pour ma part… je n’y retournerai pas une seconde fois (sourire).
Chemin faisant, nous avons croisé une des grandes représentations de l’occupation romaine dans la ville d’Évora, le Temple de Diane dédié selon la légende à la déesse romaine. Dans les faits, il fut construit au IIe siècle sur le forum, place principale de la ville pour le culte impérial d’Auguste. Les vestiges du temple ont été modifiés à plusieurs reprises au cours de l’histoire. Impressionnant comme structure en plein milieu d’une ville plutôt moyenâgeuse…
De retour vers la place publique, nous avions 30 minutes de liberté (!) pour prendre une bière ou un café… ou vous l’aurez deviné… magasiner ! Plusieurs voyageurs (mais surtout des voyageuses) en ont profité pour acheter des articles en chêne liège, produit réputé de la région. Nous avons eu droit à un concert musical inspirant et calmant de la part d’une belle artiste d’origine tibétaine qui jouait de cet instrument appelé « Hand Pan » (comme une casserole que l’on frappe avec les doigts…). Une belle façon de relaxer et de contempler « l’heure dorée », qui se présente environ une heure avant le lever ou le coucher du soleil. À ce moment, les ombres s’allongent, la lumière est moins dure et sculpte magnifiquement le sujet que l’on photographie. Voyez les photos en fin de journée, vous les aimerez !
Après une belle promenade dans la ville, notre vaisseau (autobus) nous attendait pour nous rendre à l’Hôtel Vila Galé pour une seule nuit. Surprise : nos bagages étaient déjà à l’intérieur de nos chambres. Quelle belle délicatesse ! Merci à nos deux anges, Patrick et Paolo !
Au souper, c’était le temps de souligner la fameuse Action de Grâces… j’avais pris soin d’amener dans les bagages des ballons aux couleurs de l’automne, des feuilles d’érables en soie et de petites bougies, histoire de les allumer avec gratitude et reconnaissance. Une autre belle façon de dire « MERCI ! ».
Demain matin, longue matinée en vue ! Nous quitterons l’hôtel vers 09h30. Yé, on aime ça des moments de liberté. Nous prendrons la route vers la région de l’Algarve… l’océan nous attend !
Bonne nuit et faites de beaux rêves ! Quant à nous avec ce voyage… nous en vivons un superbe !
Johanne et ses 3 mousquetaires