Jour 14: Porto, Portugal, 28 sept. 2022
Nous allons dédier notre journée à l'exploration d'une des villes les plus fascinantes d’Europe grâce à son site spectaculaire en bordure du fleuve Douro.
Porto est une ville du Portugal d’environ 300 000 habitants et autour de 2.5 millions pour le Grand Porto, ce qui en fait la seconde agglomération du pays après Lisbonne. Elle est connue pour le vin de Porto, ses monuments et ses 6 ponts imposants sur le Douro. La ville grouille d’activités de toutes sortes et de nombreux touristes y sont de plus en plus attirés par toutes les richesses qu’elle sait si bien offrir. Les habitants de Porto sont appelés Portuenses (en français, on dit « portuan ») et ne pas confondre avec Tripeiros (en référence à la spécialité locale, les tripes à la mode de Porto). D’un côté du fleuve Douro on y trouve la ville de Porto et de l’autre Gaia. On dit que le nom du Portugal aurait été la réunification de ces deux mots : Porto et Gaia…
Carlos notre guide et Joachim notre chauffeur nous attendent comme prévu à la sortie de la jetée. Nous amorçons notre visite par ce chic quartier nommé Foz (qui signifie embouchure) et qui longe le front de mer jusqu’à l’embouchure du Douro. Longue de plusieurs km, l’avenue que nous empruntons est bordée de résidences cossues, d’inspiration anglaise, faisant face à la mer, doublée de pistes pour les coureurs ou cyclistes. Une plage de sable dorée très large et très prisée des familles, des surfeurs ou de tout amant de la mer, fait de ce hameau un havre très convoité. Pas étonnant que ce quartier soit celui où le mètre carré de terrain se vend le plus cher au Portugal.
Puis, nous entrons dans le domaine des pêcheurs, soit l’embouchure du fleuve Douro que nous suivrons jusqu’à Porto. Plusieurs dizaines d’embarcations de pêche en bois, assez rustiques pour une majorité traduisent bien l’activité d’importance qu’est la pêche à Porto. Le Douro est aussi un axe de transport primordial pour son industrie principale qu’est la culture du vin.
Nous avons été charmés par le quartier Ribeira, où tout a commencé et qui est souvent nommé l’âme de Porto. Ce quartier demeure un incontournable quand on visite la cité. Cette partie de la ville, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1995, rassemble à elle seule, la majeure partie des plus beaux monuments de Porto, comme la cathédrale, la gare Porto-São Bento avec toutes ses fresques sur les murs appelées « Azulejos ». Ce terme désigne au Portugal et en Espagne un carreau ou un ensemble de carreaux de faïence décorés retraçant en général les grandes lignes de la vie des gens au quotidien. Une promenade à pied dans les rues médiévales nous a permis également de voir de l’extérieur la Cathédrale de Porto une église forteresse du XIIe siècle, dont la construction a débuté vers 1110. On y trouve aussi la statue équestre Vimara Peres.
En route vers le Palais de la Bourse, appelé aussi Palácio da Bolsa, un monument surprenant. Construit entre 1862 et 1880 il est décoré dans le style néo-mauresque. L’entrée se fait par la salle des nations, immense pièce ouverte et très haute où les blasons des pays sont représentés au plafond en signe de relation commerçante avec le monde. Le plancher est une imitation des mosaïques romaines. Le Salon Mauresque est le joyau du Palais. Cette grande salle de réception était utilisée avec le salon des portraits qui lui est attenant, comme salle de réception. La salle de la cour de justice, créée par la Reine-Marie présente d’immenses tableaux représentant l’activité économique de la région. On y retrouve aussi le bureau de Gustave Eiffel qui a fait les plans du pont ferroviaire traversant le Douro ouvert en 1877. En ce qui concerne le pont le plus célèbre de Porto, le Pont Dom Luis I, ce dernier lui est souvent attribué à tort, ou à raison, puisqu’il a été construit par la Sociéte de Willebroeck (société belge) et par son ingénieur Théophile Seyrig, le disciple de Gustave Eiffel. La salle des communications contient le télégraphe, principal moyen de communication entre les deux rives à l’époque, est attenante au bureau de Gustave Eiffel. Le clou de la visite est le salon Arabe qui s’inspire des motifs de l'Alhambra de Grenade. Sa riche décoration nous a particulièrement impressionnée. C’est ici que fut signé le traité de Porto en 1992 constituant « L’espace économique européen (EEE) ». L'accord assure la libre circulation des marchandises, des services, des capitaux et des personnes (les quatre libertés) à travers 12 pays d’Europe. D’autres pays s’y sont ajoutés depuis.
L’Association Commerciale de Porto, qui est en fait la plus ancienne association d’entrepreneurs du Portugal, avait comme objectif de régler les différends commerciaux entre ses membres, des négociants en vin pour l’essentiel. Ancien marché boursier, et semble-t-il construit pour impressionner les potentiels investisseurs européens, l’édifice sert encore régulièrement de bureaux ou de salles pour des rencontres d’affaires, et aussi pour la tenue de certains concerts et évènements privés ou corporatifs. Nous avons été impressionnés par la richesse des peintures, des fines gravures dans le granit, des mosaïques du plancher de la salle des nations et bien sûr, du salon arabe.
Nous étions attendus pour une visite et dégustation de porto à la réputée maison Taylor’s, entreprise familiale productrice de Porto depuis 1692. Rappelons que le vin de porto est principalement fabriqué dans la grande région de Douro pour être ensuite transporté par camions citernes jusqu’à Gaia sur la rive sud du Douro pour lui permettre de maturer dans des barils de bois pendant plusieurs mois, voire plusieurs dizaines d’années. La fraîcheur constante des entrepôts construits pour bien conserver le vin de porto permet de minimiser les coûts d’entreposage, qui autrement exigeraient des conditions de climatisation, et qui en augmenterait considérablement le prix. On trouve plusieurs variétés et de prix selon les assemblages pour le vin de Porto. Le blanc est principalement bu en apéritif, tandis que le rouge ou le rubis le sera en digestif.
L’élaboration du porto commence par les vendanges, qui viennent justement de se terminer en cette fin septembre (un peu plus tôt qu’habituellement à cause de la sécheresse qui sévit cette année), puis en cours de fermentation on ajoute au moût sucré une quantité (environ 100 l d’alcool pour 400 l de vin) d’une eau-de-vie de vin, le « brandy », titrant 77% d’alcool. Le moment est crucial pour l’avenir du porto : trop tôt et il sera lourd et pâteux, trop tard, il manquera de fruit et de rondeur. Nommé le mutage, cette opération a pour avantage de stopper la fermentation primaire, conservant du sucre au vin, ce qui apporte rondeur et fruité pour lui éviter de devenir trop sec ou trop âpre. Le mutage terminé, le vin entre dans une période de sommeil qui dure tout l’hiver lui permettant de décanter sous l’action du froid, grâce à des soutirages successifs. Le printemps venu, le vin de porto quitte les quintas de la Vallée de Douro pour être amené vers les grandes maisons de distribution principalement postées à Gaia. Nous avons pu être témoin d’une ouverture de bouteille à la pince chaude! Cette technique est propre à l’ouverture du Porto. Cela consiste à casser le goulot de la bouteille par choc thermique en le chauffant le verre du goulot à l’aide des pinces chauffées à blanc puis en versant de l’eau froide pour casser le goulot ! Benoit a eu l’honneur d’en faire l’expérience et en possède maintenant la maîtrise !
Retour au bateau en après-midi pour un départ assez tôt car une journée et demie de navigation nous sépare de Southampton, port de débarquement duquel nous repartirons vers Londres pour prendre notre vol de retour. C’est avec un léger pincement au cœur que nous quittons le Portugal, que tous ont adoré, mais la tête remplie de beaux souvenirs d’un pays accueillant qu’on aimerait bien visiter plus en profondeur !
Bon dia,
Eric et Marie-Christine