Accompagnée par
Lucie Garneau
Villes visitées
Reyjavik, Seydisfjordur, Djupivogur, Akureyri, Isafjordur

Bonjour gens du nord…de l’Islande,


Et oui, si vous nous accompagnez aujourd’hui, ce sera une longue et belle journée dans la région de la ville de Akureyri, situé tout près du cercle polaire, au fond du fjord de l’Eyjafjördur. Quatrième ville d'Islande avec près de 20 000 habitants, ce lieu de passage obligé pour se rendre dans la région du lac Myvatn (qui signifie “lac des mouches”) et la chute de Godafoss. Une agréable balade pour toute personne curieuse de découvrir le nord de l’Islande. De part sa taille et son importance, on lui octroie le titre de capitale du nord ce qui est un juste titre car elle ne manque pas de charme et de points d'intérêts.


Mais ce matin, notre exploration nous menaient dans cette région pour démasquer la beauté des paysages du Nord de l’Islande entre champs de lave, cascades et sources chaudes.


En débutant notre trajet, Fridika notre guide, nous fait remarquer que les feux de circulation rouge de Akureyri ont la forme …d’un coeur. Un jour, une dame en avait dessiné quelques-uns pour mettre un peu d’amour dans cette ville et cette municipalité a décidé d’officialiser cette bonne idée. Décidément, cette dame devrait faire le tour de toutes villes du monde pour faire adopter cette idée bienvellante, qui sait on réduirait peut-être le nombre de cas de rage au volant hihi! On a également vu le vieux théatre et entrevue les rues de magasinage possible pour demain. Presqu’en plein centre-ville, on a croisé l’aéroport qui offre 4 à 5 vols par jour pour Reykjavik.


Mývatn ce n’est pas seulement une région, c’est aussi un lac mais sur notre route, on devine que s’il y a un lac, il doit bien y avoir des cascades comme partout en Islande? Et oui, et non la moindre, la cascade de Godafoss aussi appelée la « chute des dieux », après seulement 50 minutes de route. Fridika, native d’ici et qui habite encore ce coin de pays, nous informe que cette cascade a joué un rôle important dans l’histoire du pays : c’est ici que l’Islande s’est convertie au christianisme. Pourquoi? À l’époque médiévale, au Xème siècle, le christianisme arrive en Islande, On décide alors de choisir une religion officielle car il y a conflit permanent entre païens et chrétiens. Le parlement interroge Thorgeir Thorkelsson, grand sage à la fois pour les chrétiens et les païens pour voir ce qu’il en pense. Comme il habite le nord, il prend la décision de jeter des statues païennes des dieux nordiques Thor et Odin dans une chute d'eau. C’est alors que l'Islande devient chrétienne et qu’on la surnomme "la cascade des Dieux", Godafoss.


Godafoss? Une des plus belles cascades au monde, rien de moins avec ses 12 mètres de haut et sa largeur de 30 mètres. On a aimé sa disposition en forme de fer à cheval qui nous l’a fait sentir enveloppante. En plus, on y a aperçu trois petites cascades qu’on pouvait observer sous deux angles différents. Comme elle a vu le jour dans le vieux champ de lave de Bardardalur, on peut voir la chute encerclée par ce qu’on appelle des orgues basaltiques, vous savez ces formations géologiques composées de colonnes régulières? C’est le résultat de la solidification et de la contraction thermique d'une coulée basaltique et d'un lac de lave qui donne tout simplement un aboutissement surnaturel. Et dire qu’elle nous arrive du glacier Vatnajökull, cette calotte glaciaire la plus grande d’Islande. Un beau travail de sculpture de l’eau tout le long d’un si long trajet. La nature : le plus grand des sculpteurs!


La région vers laquelle nous nous sommes dirigées celle du lac Myvatn, c’est également l’une de régions les plus riches d'un point de vue géologique et c’est aussi la raison pour laquelle elle est classée réserve naturelle et zone protégée depuis 1974. Sauvage, avec seulement 187 habitants de son seul village autour du lac, Reykjahlio, le lac couvre une superficie de 36,5 km² ce qui fait de lui le quatrième plus grand lac du pays. Pour nous québécois qui vivons aux pays des lacs, ce n’est rien mais ce lac foisonne de poissons ( truite, saumon) et abrite une grande variété d’oiseaux (canards, entre autre le garrot…d’Islande, cygnes, et certains y ont élu domicile à l’année...). Les mouches, du nom du lac, on a parfois senti leur présence mais rien comparé à nos mouches à chevreuil.


Juste à côté, on découvre les champs de lave de Dimmuborgir, d’une beauté envoûtante, mais invraisemblablement appelés « L’entrée de l’enfer ». Si on dit que c’est Dieu qui a créé la terre, ici c’est plutôt une éruption volcanique qui a envahie avec force la région. La lave s’est répandue ici et là dans une fissure de 12 kilomètres de long au sud du cratère Hverfjall. La solidification de la lave a créé des colonnes donnant droit à des sculptures dignes des contes les plus fous : des zones grandes comme nos salons, de vrais ‘’châteaux’’ aux accents parfois énigmatiques, d’autres fois ésotériques et parfois tout simplement monstrueux, pas étonnant que la réputation de cet endroit ait donné naissance à du folklore régional, une mythologie foisonnante et des légendes farfelues avec tous ces trous, ces formes bizarres. Un troll ici ou un elfe peut-être? Un fantôme là? Des trolls à gros nez, d’autres à la lèvre pendue. On a utilisé un petit sentier en se baladant à travers une ambiance disons …désordonné mais quelle féérie! Étonnant aussi de constater que la nature reprend ses droits avec ses herbes et arbustes et de nombreux bouleaux nains. Le duo du vert de la forêt en devenir et du noir des figures de lave en dégradation; un cocktail de couleurs ensorcelant! Décidément, ici les qualificatifs ensorcelants et envoûtants sont de mise.


Tout près de notre site, se trouve la source d’eau chaude de la grotte Grjótagjá. Chanceux les résidents qui l’utilisaient comme piscine naturelle. Mais vous savez quoi? L'activité volcanique du volcan Krafla (1975-1984) a fait monter la température de l'eau et a provoqué l'effondrement d'une partie du toit. Zut! La baignade est maintenant interdite car la température avoisine aujourd'hui les 45°C. Fridika mentionne que ce site était méconnu jusqu'au succès de la mythique série « Game of Thrones » qui est devenu maintenant l’un des lieux les plus populaires du pays. Rappelez-vous le tournage de la scène d’amour entre les personnages de Jon Snow et Ygritte dans l’épisode « Kissed by Fire » de la saison 3. Excepté la chute d’eau de cette scène (car on a ajouté des trucages), tout le décor est bien réel. La baignade n’a pas pu être tournée sur les lieux en raison des restrictions des autorités et de la température trop élevée de la source.


Puis on poursuit dans notre monde irréel en visitant la zone géothermale de Námaskarð ou simplement appelée ‘’Hverir’’, ou Hverarönd, des sources chaudes en islandais parmi les plus actives de toute l'Islande avec ses gazs volcaniques et son sulfure d’hydogène. Bassins de boue en ébullition, fumerolles et solfatares laissent un paysage de couleur ocre réparti sur plusieurs kilomètres. Malgré l’intense odeur de soufre, et oui, comme le dit le proverbe “il faut souffrir …pour découvrir”, on retient parfois notre souffle, l’étrange activité géothermale nous incite à parcourir ses sentiers et à admirer les merveilles provenant de l’intérieur de la Terre. Le paysage représente différentes teintes au sol, telles une toile d’un grand maître. Ici, comme on dirait aux enfants ‘’Attention c’est chaud’’, il est donc très important de ne pas sortir des sentiers balisés autant pour préserver cette merveille que pour éviter de se brûler avec la vapeur de fumerolles ou de mettre …le pied dans l'un des marécages en ébullition mais le goût d’explorer davantage ces lieux ne manque en voyant les randonneurs marcher sur le haut de ces magnifiques montagnes colorées.


Notre guide mentionne que, en 1975, la région a été secouée par de nombreux tremblements de terre violents qui a continué à transformer le paysage. Les contrastes et les couleurs de Mývatn et son lac lui donnent un aspect majestueux. À voir! Sans doute pour toutes ces particularités que les missions Apollo des années 70 ont trouvé ici des champs de pratique sans pareils.


Partout autour du lac Myvatn, on a côtoyé des zones volcaniques parmi les plus actives au monde et ici, le pseudo-cratères Skútustaðagígar et ses confrères, ont été formés par l’activité volcanique par une éruption de lave basaltique (comme nos rochers de Godafoss), il y a environ …2300 ans. Ici, autant les verts sont intenses, autant les ocres sont doux et les bleus du lac…gracieux. Un cocktail de couleurs dont nos yeux se délectent.


Ouf! Quelle ‘’chaude’’ journée! Mais quelle journée unique! Elle restera longtemps gravé dans notre mémoire. S’il est vrai qu’en notre fin de vie, on voie cette dernière se dérouler comme dans un film, nous on affichera cette belle journée avec tous ces paysages fantastiques que nous avons vu et ces moments enchanteurs que nous avons vécus!


De retour dans la ville de Akureyri, on rentre au port en se disant que nous serons chanceux demain de profiter d’une autre journée dans cette formidable région.


On allait oublier de vous dire que l’endroit choisi par madame Drouin pour notre dîner, ne pouvait être mieux. Splendide hôtel avec une vue imprenable sur le lac et les formations rocheuses pratiquement dans notre assiette qui fut d’ailleurs excellente avec un porc à découper à la fourchette et mousse chocolat caramel salé à faire valser nos papilles. On vous l’a dit précédemment, le régime c’est pour demain.


Vous restez à Akureyri avec nous demain? Vous devrez avoir le pied marin!


Lucie


PS Vous avez vu la chaussette du jour à “saveur canadienne”?