Bonjour, amis, familles et futurs voyageurs curieux !
Des cèdres aux sables : traversée vers les portes du désert
Après une nuit paisible à Midelt, au pied du Haut Atlas, bercée par la fraîcheur de l’altitude et le silence des montagnes, nous entamons une nouvelle journée qui nous fera changer radicalement de paysage et d’ambiance. Le petit-déjeuner partagé en groupe nous redonne de l’énergie pour la suite de notre périple.
Aujourd’hui, nous partons vers le sud, là où les montagnes s’effacent peu à peu pour laisser place à l’immensité minérale du désert marocain. Notre objectif : Merzouga, aux portes du mythique Erg Chebbi, l’une des plus impressionnantes dunes de sable du Sahara.
Midelt, carrefour historique entre montagnes et désert
Avant de quitter Midelt, nous prenons un peu de temps pour explorer cette ville méconnue mais pleine de charme. Située à plus de 1 500 mètres d’altitude, Midelt est un point de jonction naturel entre le Moyen Atlas et le Haut Atlas oriental. Elle fut fondée au début du XXe siècle, notamment sous l’impulsion du protectorat français, pour exploiter les riches mines de plomb et de zinc de la région.
Midelt a aussi su se forger une identité agricole forte : ses vergers de pommes sont réputés dans tout le pays. Mais la ville est aussi un lieu de vie important pour les tribus berbères nomades du sud, qui y trouvent un marché, des services et une halte sur leur route. L’artisanat local, mélange de tissage, poterie et bijoux berbères, est le reflet d’un héritage culturel transmis depuis des siècles.
La vallée du Ziz : ruban de verdure au cœur des terres arides
En quittant Midelt, notre route serpente à travers les montagnes rocheuses du Haut Atlas oriental. Rapidement, le paysage se transforme : les forêts disparaissent, les versants se creusent, la roche devient plus ocre. Puis soudain, comme un miracle dans cet environnement aride, apparaît la vallée du Ziz.
Cette vallée, nourrie par l’oued Ziz (un fleuve intermittent qui prend sa source dans le Haut Atlas), est un véritable cordon de vie. Sur des dizaines de kilomètres, des palmeraies luxuriantes, des oasis anciennes et de magnifiques kasbahs en pisé bordent la route. Les kasbahs, ces forteresses de terre battue à l’architecture berbère typique, servaient autrefois à protéger les familles et les biens contre les invasions ou les tempêtes de sable.
Le Ziz fut aussi une route caravanière majeure, empruntée durant des siècles par les commerçants du Sahara qui transportaient sel, or, étoffes et esclaves entre le Soudan et les villes impériales du nord. À chaque virage, l’histoire murmure dans les falaises et les palmeraies.
Errachidia : du bastion militaire à la ville saharienne
Nous atteignons ensuite Errachidia, une ville qui, sous le protectorat français, portait le nom de Ksar Es Souk. Elle fut rebaptisée en 1975 en hommage au prince Moulay Rachid, frère du roi Hassan II. C’est un centre administratif important pour toute la région du sud-est marocain, mais aussi une ville de garnison historique.
Construit sur les contreforts du Haut Atlas, Errachidia a longtemps joué le rôle de verrou stratégique, contrôlant l’accès au Tafilalet et aux routes du désert. Aujourd’hui, c’est une ville dynamique, qui mêle influences modernes et traditions sahariennes.
Erfoud : aux portes du désert, capitale de la datte
En continuant vers le sud, nous arrivons à Erfoud, un nom qui évoque instantanément les palmiers-dattiers et le désert brûlant. Située dans la vaste vallée du Tafilalet, Erfoud est surnommée la capitale marocaine de la datte. C’est ici que chaque automne, on célèbre la fête des dattes, une tradition ancestrale qui réunit les producteurs, les tribus nomades et les visiteurs autour des fruits du désert.
Mais Erfoud est aussi réputée pour ses fossiles : la région, il y a des millions d’années, était recouverte d’un océan préhistorique, dont les restes marins sont aujourd’hui extraits de la roche pour devenir objets d’art, tables ou éviers en marbre fossilisé. Un mélange unique de temps géologique et d’histoire humaine.
Après une courte visite du centre et un moment de repos, nos 4x4 nous attendent pour la dernière étape du jour, et non des moindres : l’entrée dans le désert de Merzouga.
Merzouga : l’appel du désert et la magie des dunes
Le vent chaud se lève doucement alors que nous traversons les premiers regs, ces plaines caillouteuses qui précèdent les dunes. Et puis, au loin, l’Erg Chebbi se dévoile, tel un mirage : une mer de sable ondulante, dont les dunes atteignent parfois 150 mètres de hauteur. Un décor irréel, d’un or flamboyant, modelé par le vent saharien.
Au pied des dunes, nos dromadaires nous attendent. Un par un, nous grimpons sur ces montures calmes et robustes, compagnons fidèles des caravanes depuis la nuit des temps. Nous avançons lentement, bercés par le pas souple de nos montures, jusqu’à un point d’observation idéal pour admirer le coucher du soleil.
Le silence est presque total, à peine troublé par le souffle du vent et le frottement du sable. Puis le ciel s’embrase. Le soleil disparaît derrière les dunes, peignant le désert de nuances d’ocre, de rose et de pourpre. Un moment de paix, de lenteur et de beauté absolue, gravé dans nos mémoires.
Soirée sous les étoiles : bivouac dans le Sahara
À la nuit tombée, nous rejoignons notre bivouac de luxe, niché au cœur des dunes. Loin de tout, sans bruit, sans lumière artificielle, le ciel saharien se révèle dans toute sa splendeur, parsemé de milliers d’étoiles. La voie lactée traverse la nuit comme une rivière céleste.
Un dîner copieux et après c’est la fête musiciens nomades entament chants et percussions. Leurs voix s’élèvent dans l’obscurité, racontant des histoires de dunes, de caravanes, de vent et de lune.
La soirée se déroule dans une ambiance chaleureuse, rythmée par les tambours gnawas, les claps des mains et les rires partagés. Puis chacun rejoint sa tente pour une nuit unique au cœur du désert, enveloppé du silence absolu du Sahara, un silence qui parle à l’âme autant qu’au cœur.
Et demain…
Demain, nous assisterons peut-être au lever du soleil sur les dunes, une autre facette de la magie saharienne, avant de reprendre la route. Mais pour ce soir, nous dormons sous les étoiles, bercés par la brise du désert et la mémoire ancienne des sables.
Bonne nuit
Manon 🧡























































