Accompagnée par
Catherine Drouin

Jour 5 – 4 octobre

Chers compagnons de lecture,

Ce matin, un ciel voilé qui a fait place au soleil en avant-midi nous a accompagné pour conclure en beauté ce premier volet de notre périple sur la route des vins d’Alsace. Nous avons mis le cap sur Riquewihr, un village niché au pied des collines, autrefois occupé par les Romains qui y introduisirent la culture de la vigne vers l’an 1000. Encore aujourd’hui, les producteurs locaux perpétuent cette tradition, valant à Riquewihr le surnom de « la perle du vignoble ». Classé parmi les plus beaux villages de France, il a miraculeusement échappé aux destructions de la Seconde Guerre mondiale, grâce à sa position en cul-de-sac, éloignée des grands axes, ce qui l’a préservé des combats. Claude, notre guide, n’a pas manqué de souligner la richesse de ce patrimoine intact, ce qui nous a fait apprécier d’autant plus l’architecture des bâtiments encore debout.

Dès notre arrivée, nous avons découvert un véritable musée à ciel ouvert, protégé par ses anciennes fortifications que seules les vignes semblent assiéger désormais. Le secteur piétonnier de la vieille ville ajoute à son charme et nous permet de circuler paisiblement sous la bonne conduite de Claude. Les maisons accolées, construites entre le 13e et le 18e siècle, forment un ensemble architectural remarquable. La tour du Dolder, haute de 25 mètres, servait autrefois de porte défensive, de clocher, de tour de guet et d’alarme face à la menace. Non loin, la tour des voleurs, anciennement une prison, abrite encore une chambre de tortures. Comme toujours, Claude partage avec enthousiasme ses connaissances sur l’histoire de la région. Et bien sûr, impossible de parcourir la route des vins sans une dégustation.

Nous faisons halte au vignoble de Jean-Luc et Anne-Catherine Bucher, une maison viticole fondée au début des années 80, réputée pour ses crémants (vins mousseux) et ses grands crus. Nous découvrons l’histoire du domaine, ses choix de cépages et ses secrets de vinification, avant de déguster quatre excellents vins : le Riesling, le Pinot gris du domaine familial, un Gewurztraminer, plus sucré, et un crémant blanc d’Alsace. L’atmosphère se réchauffe (il est à peine 10 h 30) et nous ricanons de plus en plus. Nous vivons très certainement l’ivresse d’une cave à vin !! En cours de dégustation, la maison nous sert un morceau de Kougelhopf, la fameuse brioche alsacienne à la forme cannelée et au cœur creux. Façonnée dans un moule traditionnel en terre cuite de Soufflenheim, elle est parfumée au rhum, garnie de raisins secs et décorée d’amandes entières.

À la sortie, une autre surprise attendait nos voyageurs, car chacun est reparti avec une bouteille de crémant blanc, cadeau de Louise Drouin, que nous boirons à ta santé ma belle Louise ! L’autocar est ainsi surnommé « le cellier » par l’un de nos blagueurs du groupe.

Nous poursuivons nos découvertes à bord d’un petit train touristique (que j’adore), qui démarre devant l’hôtel de ville. L’effet de l’alcool aidant, nous avons ri comme jamais et notre esprit d’équipe a établi un nouveau record. En chemin, nous découvrons les boutiques artisanales de vignerons, les îlots fleuris et l’ambiance animée du village. Le circuit nous fait d’abord serpenter dans les ruelles de la vieille ville avant de grimper à travers les vignobles. Au sommet, un point d’arrêt offre une vue imprenable sur Riquewihr, ses tours, ses remparts, ses vignes et la vallée environnante. Wow, quel beau décor pour immortaliser le moment d’une photo de groupe !

À l’heure du lunch, nous nous installons à la brasserie Le Relais de Riquewihr pour savourer une spécialité alsacienne : le Baeckeoffe. Ce plat mijoté à base de bœuf, d’agneau, de porc et de légumes est lentement mijoté dans du vin blanc. « Baeck » signifie boulanger et « offa », four — un clin d’œil au temps où ce mets était cuit chez le boulanger du village alors que les femmes s’afféraient à faire la lessive. Un repas réconfortant, savoureux, mais combien généreux. Ces Alsaciens ont décidément bon appétit !

Le chemin vers le port nous permet de cuver notre vin et de nous assoupir un brin. Nous pourrions entendre une mouche voler dans l’autocar lors de cette heure de route, témoignant bien de l’effet post-dégustation.

À l’arrivée, nous remercions chaleureusement Claude et Jérémy pour ces derniers jours riches en découvertes, pour leur convivialité, leur compétence et leur bonne humeur communicative. Puis, dans une section réservée du port de Bâle, nous procédons à l’embarquement peu après 15 h. L’accueil, rehaussé d’un cocktail de bienvenue, est aussi attentionné que royal. Il faudra s’y habituer, car avec seulement 156 passagers et 51 membres d’équipage, le service à bord de l’AmaViola, notre navire cinq étoiles, promet d’être à la hauteur.

Nous voilà prêts à entamer le deuxième volet de notre voyage, qui nous mènera de Bâle à Amsterdam en longeant le Rhin, ses quarante châteaux, ses villes et ses villages de carte postale. Une fois installés dans nos cabines pour les sept prochaines nuits, quel bonheur de ranger nos valises et de ne plus y penser, nous voguons doucement sur notre hôtel flottant de 443 pieds, explorons les aires communes et trouvons nos repères sur les quatre ponts.

Ainsi, après un premier repas à la salle à manger, qui s’avère tout aussi bon que beau, l’AmaViola poursuit son itinéraire en toute sérénité, en route vers notre première escale : Breisach, que nous atteindrons demain matin.

Je vous souhaite une agréable soirée, où que vous soyez. Merci de nous lire.

On vous partage ici notre album photo.

Catherine