Accompagnée par
Catherine Drouin

Jour 8 - 7 octobre

Amis lecteurs,

Nous voilà déjà à mi-parcours de cette fabuleuse croisière fluviale. La grande vie nous va à merveille et l’ensemble des voyageurs n’a que de bons mots envers Amawaterways, notre croisiériste, la qualité des installations de notre navire comme de la courtoisie exceptionnelle du personnel. Après un copieux petit-déjeuner, nous voilà en Allemagne et quittons le navire au port de Ludwigshafen en autocar, en direction de Heidelberg, surnommée la ville du romantisme.

Notre première halte se fait au majestueux château de Heidelberg, avec Sylvia notre guide francophone attitrée pour une visite guidée. Perché au-dessus de la vallée du Neckar, le château séduit les visiteurs venus des quatre coins du monde. Il fut la résidence des comtes palatins et des électeurs de la maison de Wittelsbach, qui gouvernèrent le Palatinat rhénan pendant plus de 400 ans. À son apogée, le palais rivalisait avec les splendeurs des cours de Vienne et de Prague. On y comptait 24 chambres, un théâtre de 300 places où l’on jouait du Shakespeare, et des jardins considérés comme les plus beaux d’Europe au 17e siècle – à tel point qu’on les surnommait la huitième merveille du monde.

Ces jardins palatins, aménagés en terrasse à flanc de colline entre 1619 et 1620, furent conçus par Salomon de Caus, ingénieur en hydraulique. Grottes, fontaines à écoulement intermittent et terrassements colossaux en faisaient un chef-d’œuvre du baroque. Hélas, ils furent détruits pendant la guerre de Trente Ans. Aujourd’hui, seules les terrasses inférieures subsistent, à la hauteur de l’entrée principale du château.

Les murs du château murmurent aussi les ravages de la fin du 17e siècle, son abandon au 18e, puis son renouveau au 19e siècle, porté par l’élan romantique. La visite guidée en vaut vraiment le coup pour bien comprendre l’histoire mouvementée de cet imposant édifice tout au long de ses 700 ans d’existence. Un moment marquant de notre visite fut sans doute la découverte de l’impressionnante cave à vin du château. Saviez-vous que la cave à vin princière abrite le plus grand tonneau du monde ? Ce dernier est construit à partir de 130 troncs de chêne et peut contenir un volume de 221 726 litres. À la grande époque, jusqu’à 2000 litres de vin étaient consommés par jour – on imagine sans peine les fêtes démesurées qui s’y tenaient !

Après cette plongée dans l’histoire, nous poursuivons notre route avec Sylvia pour l’exploration de la vieille ville. Nichée entre les collines boisées et le fleuve, elle s'étend au pied de 17 km² de forêt, sillonnée par 600 km de sentiers et offre un équilibre parfait entre nature et histoire. Épargnée par les bombardements de la Seconde Guerre mondiale, Heidelberg a conservé son authenticité. La ville compte aujourd’hui 160 000 habitants, dont 40 000 étudiants provenant de plus de 160 pays. Son université, fondée en 1386, est la plus ancienne d’Allemagne.

Nous empruntons la Hauptstraße, l’une des plus longues rues piétonnes d’Europe (1,6 km), autrefois traversée par un tramway. Elle est aujourd’hui bordée de plus de 500 commerces. En chemin, nous nous arrêtons devant l’église du Saint-Esprit, édifiée entre 1398 et 1441. Sépulture des princes-électeurs, elle a aussi accueilli jusqu’en 1623 la Bibliotheca Palatina, jadis l’une des bibliothèques les plus prestigieuses d’Allemagne. Conservée dans la galerie du chœur, elle fut saisie pendant la guerre de Trente Ans par la Ligue catholique, offerte au pape, puis transférée à Rome. Une partie repose encore aujourd’hui à la Bibliothèque vaticane.

Tout en profitant des anecdotes et du sens de l’humour de notre guide, qui fut fort apprécié par tous les voyageurs d’ailleurs, la visite s’achève le long du vieux pont de Heidelberg, élégant ouvrage de grès rouge orné de neuf arches enjambant le Neckar. Construit en 1788 sous l’impulsion de l’électeur Karl Theodor, il succède à plusieurs ponts de bois balayés par les crues ou les guerres. L’histoire du site remonte à l’époque romaine ; le pont actuel est le neuvième à s’élever ici. À l’entrée, la statue baroque de Karl Theodor, bras levé, semble saluer la ville. Non loin, le célèbre singe de Heidelberg, en bronze, brandit un miroir, incitant chacun à se regarder avant de juger les autres.

À l’heure du dîner, nous réembarquons à bord du navire, qui met le cap sur Rüdesheim, où nous passerons la nuit. La navigation en après-midi permet d’admirer le décor à la lumière du jour ce qui est toujours fort apprécié de tous en plus d’être les témoins d’un tournoi de poche opposant Grant du Texas à notre très dynamique Ginette lors duquel cette dernière l’a emporté 10 à 6 contre ce grand gaillard. Bravo Ginette !

À destination, et à la suite d’un énième souper bien arrosé, nous montons à bord d’un petit train touristique qui nous conduit au Siegfried’s Mechanisches Musikkabinett, le tout premier musée allemand consacré aux instruments de musique mécaniques. Fidèles à nous-mêmes dans ces petits trains, nos wagons étaient les plus turbulents et ricaneurs. Logé dans le Brömserhof, une demeure du 15e siècle, il rassemble plus de 350 instruments automatiques : boîtes à musique, orchestrions, pianos mécaniques, gramophones et autres merveilles techniques. Un vrai bonheur des sens. Lucie et Sylvie ont actionné la manivelle d'un orchestrion et Christiane y est allée de quelques douces notes au piano. Nous avons également observé les outils servant à fabriquer cylindres d’orgue, rouleaux de notes et plaques musicales. Cette plongée sonore dans les savoir-faire d’autrefois fut un moment unique, apprécié de tous grâce à Sylvain, notre animateur dédié. On y découvre de véritables merveilles d’ingéniosité jusqu’aux boîtes musicales qui imitent à la perfection le chant de différentes espèces d’oiseaux. Patrice a terminé la visite en jouant l'air de Valderi Valdera alors que nous chantions tous en chœur. C'était beau à entendre. En sortie de visite, une autre surprise attendait le groupe: au nom de Louise Drouin, j'ai offert aux voyageurs une petite boîte à musique. Un geste fort apprécié qui permettra à chacun de conserver un souvenir mélodieux de cet endroit.

Ainsi s’achève une autre journée extraordinaire. Je vous assure que nul ne résistera aux bras de Morphée !

Catherine