Jour 9 - Taormina

Bonjour chers lecteurs, familles et amis,

C’est au petit matin que notre super groupe a mis pied à terre à Messine, cette ville portuaire entre ciel et mer qui sert souvent de porte d’entrée à la Sicile. Taormina, perle accrochée à flanc de montagne, l’un des plus beaux joyaux d’Italie.

C’est là qu’est entrée en scène Margherita, notre guide locale, et sans doute l’une des incarnations les plus authentiques de la Sicile : volubile, généreuse en paroles comme en sourires, lunettes de soleil bien calées sur le nez, accent chantant, elle nous accueille d’un tonitruant « Buongiorno » suivi d’un clin d’œil complice en nous disant qu’elle sera notre mama pour la journée!

En chemin vers Taormina, Margherita nous régale déjà d’explications. Elle nous parle de l’Etna, « le géant endormi… mais pas trop », selon ses mots. Ce volcan toujours actif, le plus grand d’Europe, domine la région avec ses 3 300 mètres (plus ou moins, selon les humeurs de ses éruptions). Elle nous décrit ses coulées de lave successives accumulées au fil des éruptions qui menacent parfois les habitants des villages perchés à 800 m sur les flancs du volcan. En 1908, il y eut 80 000 décès à la suite d’un tremblement de terre de force 8 sur l’échelle de Richter dans la région.

Elle enchaîne ensuite sur les cultures locales : les citronniers, les oliviers, les amandiers, les grenadiers, les citronniers, les orangers, les jacarandas, les lauriers-roses, les bougainvilliers et bien sûr les fameuses pistaches de Bronte, "plus précieuses que des bijoux", selon elle. Le tout entrecoupé de petites histoires locales, d’un humour bien dosé, et d’un enthousiasme contagieux.

À un moment, une question fuse : « Et ce fameux pont, entre la Calabre et la Sicile ? » Margherita sourit et secoue la tête. « Ah, ce pont ! On en parle depuis les Romains ! » Puis, plus sérieusement : « Les Siciliens n’en veulent pas. Pourquoi ? Parce que nous aimons être une île. C’est notre identité. Il y a des cultures d'huîtres et des milieux naturels pour les oiseaux migrateurs qui seraient en péril. Et puis, entre nous… un pont, ce serait ouvrir les portes aux voitures, à la mafia calabraise, à trop de tout. Les infrastructures ferroviaires, routières ont besoin davantage d’être modernisées. Et puis, on veut rester un peu à l’écart. On est bien, ici. »

Sur la route, elle attire notre attention sur un petit village perché : Savoca, l’un des lieux de tournage du film Le Parrain. C’est ici que Michael Corleone épouse Apollonia. La Sicile, dans toute sa splendeur cinématographique, sous nos yeux.

Nous arrivons ensuite à Taormina. Après une ascension en autocar dont nous nous rappellerons, nous devons prendre une navette qui grimpe en lacets serrés jusqu’au centre historique. Et là, dès qu’on met pied à terre… coup de foudre. La ville est suspendue entre ciel, mer et montagnes, avec une vue spectaculaire sur l’Etna d’un côté et la mer Ionienne de l’autre. Un décor de carte postale, mais bien réel.

Nous commençons la visite par le joyau de la ville : le théâtre gréco-romain. Bâti par les Grecs au IIIe siècle avant J.-C., il fut ensuite agrandi par les Romains qui en ont modifié la structure pour accueillir des combats de gladiateurs et de chasse aux fauves. On y présente encore à ce jour des spectacles grandioses. Ce mélange d’architecture en fait l’un des théâtres antiques les mieux conservés du monde, et certainement l’un des plus photogéniques. Margherita nous explique que les Grecs l’avaient construit en profitant de la pente naturelle du terrain, en parfaite harmonie avec le paysage. Les Romains, eux, y ont rajouté des galeries et des colonnes pour impressionner la foule. Et ils y sont plutôt bien arrivés.

En foulant le sol du théâtre, il devient évident qu’on ne peut pas manquer cette occasion en or d’entendre à nouveau Mireille, notre cantatrice maison. A la demande générale, elle entame un air d'opéra dans ce lieu mythique. Portée par l’acoustique exceptionnelle du lieu, sa voix résonne pour tous les visiteurs présents. Silence sacré, puis, tonnerre d’applaudissements. Même les pierres semblent vibrer. Moment suspendu.

Après ces instants magique, Margherita nous guide à travers les ruelles secrètes de Taormina, loin des foules. Escaliers fleuris, petits balcons débordant de géraniums dans des pots de céramiques plus beaux les uns que les autres, façades anciennes et encore des plaques de céramiques qui racontent des siècles d’histoire.

Elle attire notre attention sur les principales églises de la ville, dont la majestueuse Duomo di Taormina (ou cathédrale San Nicola), au style roman-fortifié, austère mais impressionnante. Plus loin, l’église San Giuseppe, toute baroque, tout en courbes et en légèreté, s’élève sur la Piazza IX Aprile, le cœur battant de la ville, avec sa vue à couper le souffle.

Nous terminons la visite guidée en haut du Corso Umberto, l’artère principale et piétonne de Taormina. Cette rue relie la Porta Messina au nord à la Porta Catania au sud, et concentre tout ce qui fait le charme de l’Italie : boutiques élégantes, terrasses de café, glaciers artisanaux, antiquaires, petites églises et monuments anciens, le tout dans une ambiance animée mais jamais étouffante.

Margherita nous libère pour du temps libre: chacun part à l’aventure. Il fait vraiment chaud, mais la chaleur est sèche, aucune humidité, ce qui la rend un peu plus tolérable. Certains dégustent une arancina croustillante à souhait, d'autres une pizza à la pâte fine et généreuse en mozzarella. Les plus gourmands craquent pour un granité citron-amande, spécialité locale, ou une cannoli tout juste roulé.

Il est temps de redescendre vers Messine, le soleil commence à descendre sur la mer, teintant les façades dorées et les kilomètres de marches nous rendent un peu lourds. Les cœurs sont pleins, les cartes mémoires aussi.

Taormina, nous laisse une impression rare : celle d’avoir effleuré une Sicile authentique, belle et vibrante, grâce à notre guide Margherita et notre super chauffeur Jean-Lucas.

Nous avons passé une autre magnifique journée, le soleil nous suit pas à pas. Tout le monde est de bonne humeur, nous sommes un groupe en or ! La suite demain sur la côte Amalfitaine !

Une des choses que nous apprécions particulièrement avec cette chaleur, ce sont les bons soins du personnel du navire qui nous offrent un verre d’eau infusé à l’orange, au concombre ou au citron pour nous désaltérer en plus d’une serviette bien froide pour nous rafraîchir! On est vraiment traités aux petits oignons comme on dit !

À demain !

Marie-Christine, Marie-Claude et leurs amis voyageurs