Bonjour les « ferrovipathes » (passionnés des trains) comme nous,
Nous ce matin, la journée a commencé très très tôt, devoir de voyageur oblige. Nous devions faire deux heures de route en autocar pour se rendre à Coire pour prendre notre train le Glacier Express dès 9:00 pour un trajet de 290 km, notre plus grande journée de « route » du circuit en Suisse. La destination? La direction du mythique Zermatt que nous verrons le lendemain. Ce villlage enseveli de montagnes, non accessible en auto, le rêve de tout voyageur pacifique, l’exotisme en haute altitude. Première étape, pour se rendre à la gare, tout au long du parcours en « montagnes russes « …plutôt suisses, de voir le jour se lever sur ses si majestueuses montagnes devinrent un privilège pour nous, je veux dire pour le 10% de voyageurs qui …ne dormaient pas. Quel parcours de jeu d’échelles pour Agnès notre conductrice.
Nous avons suivi notre guide, pas à pas, prêt « comme un seul homme »… ou « comme une seule femme » jusqu’à la gare de Coire et oui, au pays des Grisons…un canton comme la viande du même nom. Cette ligne classique du Glacier Express qui enthousiasme les voyageurs du monde entier entre St-Moritz et Zermatt, s’effectue à bord d’un train panoramique qui roule sur de nombreux ponts, entreprend des tunnels et surtout, passe devant des paysages alpins si extraordinaire qu'on en oublierait de respirer…non non, soyez rassurés, on a conservé notre calme! Quelle bonne idée que ce train relie les stations de sport d'hiver de Saint-Moritz, notre point de départ, et de Zermatt dans les Alpes suisses centrales
D’abord, il faut vous dire que le train n’est pas un express au sens qu’il s’agit d’un train à grande vitesse, mais plutôt au sens qu’il permet de faire un trajet en une seule place pour un trajet de plus de quatre heures et qu’il omet les arrêts des trains locaux. En somme, le Glacier Express est considéré comme « le train express le plus lent du monde » et c’est parfait pour nous. Une belle journée zen!
Pour les touristes hivernaux, la raison première de prendre le Glacier Express? Profiter du paysage en reliant diverses stations de sport d'hiver de Saint-Moritz et de Zermatt en passant par Coire, Disentis, le col de l’Oberalp, Andermatt, Brigue et Zermatt. Nous, nos skis étaient rangés depuis le printemps dernier mais sachez que nous en avons grandement profité et que nous songeons à revenir avec skis à la blanche saison.
Dès notre départ de Coire, le confort est de mise dans ce train aux fenêtres panoramiques. On constate que les suisses ont l’art du transport ferroviaire de luxe. La section de ce trajet débute déjà en haute altitude, ça promet.
Notre guide mentionne que l’on débute le parcours en train ici dans la plus vieille ville de Suisse, Coire ou Chur, du canton des Grisons, dans la région de Plessur. Elle est entourée, elle aussi, de montagnes spectaculaires. Ses 13 000 ans d’histoire lui ont valu d’être la mieux préservée de Suisse. Ses 40 000 habitants portent une attention particulière à sa Cathédrale Notre-Dame-de-l’Assomption édifiée aux XIIe et XIIIe siècles.
Le train file et roule à travers ce que j’appellerais en anglais un endroit « gorgeous » … gorges immensément belles du Rhin, nommé aussi Ruinaulta, ou Canyon du Ruinaulta et parfois surnommées avec justesse Grand Canyon Suisse. Long de 5 200 mètres, les gorges se situent au centre du canton des Grisons, à une altitude variant de 1 118 à 586 mètres, sur une superficie de 8,327 km2. Formé il y a environ 10 000 ans, un glissement de terrain de 7 km3 de roche, provenant du massif de Flims, était tombé sur la vallée du Rhin, recouvrant le Rhin antérieur. Durant plusieurs années, de cet éboulis, se creusa les gorges du Rhin, ce que j’appelle un mal pour un bien. Nous n’avons pas toujours l’occasion de prendre des photos rapidement en train mais aller jeter un coup d’œil sur internet et ces gorges vous émerveilleront.
Dans la région de Disentis et Andermatt, où on parle principalement le rhéto-roman ou, si vous préférez le romanche, le train franchit le paradis…le col de l'Oberalp, le point le plus haut du parcours avec ses 2 044 m d’altitude au-dessus du niveau de la mer. Pour les automobilistes, c’est un enchaînement de crochets accidentés, peut-être pas de la même ampleur que les 600 virages serrés et en épingles du chemin Hana à Hawaï mais tout de même fort intéressant. On peut admirer au sud-ouest le Pazolastock (2 739 mètres), à l'est le Calmut (2 310 mètres), au nord le Piz Tiarms (2 917 mètres), et à l'ouest le Schneehüenerstock (2 772 mètres, son nom déjà? Hihi!) où se situait d’ailleurs le premier passage en 1926.Ce col reconnu comme le plus facile à franchir fut d’ailleurs le premier à être peuplé. On devait parfois deviné ses vues grandioses sur toute la vallée d'Urseren et le Gemsstock car le brouillard ne nous quittait pas. Le Glacier express atteint ici son point culminant sur le trajet de St. Moritz à Zermatt. Le lac Oberalp bleu turquoise au sommet du col nous invitait à la détente mais notre métier d’explorateur en train nous incitait à poursuivre notre trajet.
Perdus dans la brume, nous n’avons pu voir, au sommet du col, le seul et plus haut phare des Alpes, vous avez bien lu « phare » bien que nous ne soyons pas en mer mais en montagne. Que fait un phare sur le col de l’Oberalp à 2 046 mètres d’altitude ? Le phare rouge (2010) trône là où on ne l’attend pas car pas de bateau qui aurait besoin d’orientation en pleine nuit. En fait, sa réplique symbolise la source du Rhin dans le massif, prenant son point de départ à proximité. L'original se trouve à l'embouchure du Rhin, près de Rotterdam, Pays-Bas. Peut-être avait-il été conçu comme un appel au voyage, une sorte de sirène. Que voulez-vous, on est des philosophes romantiques. Les gens du coin parleraient plutôt d’un symbole pour le début du Rhin qui rejoint la mer du Nord …1233 kilomètres plus loin. Choisissez votre version préférée. Peut-être ce phare sera-t-il à nouveau situé au bord de la mer dans 20 millions d’années ? Qui sait ce que les changements climatiques nous réservent.
Nous avons donc profité « un peu » de la vue…entre deux moments de brume, pendant qu’on nous servait des spécialités fraîchement préparées et des plats traditionnels directement à nos sièges. Un vin du terroir était assorti pour compléter notre expérience culinaire. Ce fut une belle expérience de manger en roulant dans le train. Quoi demander de mieux!
Puis on croise Andermatt, dans cette région, dans la vallée d’Urseren, une petite ville de 1500 habitants, grande station de sports d’hiver suisse du canton d'Uri. Enterrée de montagnes, cette ville a une superficie qui couvre 62,20 km2, et a seulement 2 % de son territoire constructible. Par chance, ses surfaces agricoles constituent 41 % de la superficie totale. À cause de l'altitude élevée, seuls 5,5 % de la commune est boisé. Le reste (52 %) est fièrement réservée aux maîtres des lieux…les montagnes.
Trop occupé à contempler le paysage, on ne les a pas comptabilisés nous-mêmes mais il paraît que si on fait le trajet au complet, on franchit 291 ponts et 91 tunnels, pas mal pour une seule journée.
Pendant ce temps, Agnès la conductrice, devait traverser le col de la Furka, le plus difficle, avec son tunnel de 15,35 km de long, ouvert en 1865 pour relier le Valais au canton d'Uri. Certaines scènes du film de James Bond "Goldfinger" y ont été tournées en 1964. Disons, que ça prend de gros mollets pour les cyclistes qui osent grimper ce col. Dommage qu’ils n’aient pas le temps d’admirer ce splendide paysage. Agnès est arrivée en même temps que nous à Briques après une épopée de courbes et de marche arrière vu l’étroitesse de la route.
Terminant notre trajet à Brigue, ville du canton du Valais, on comprend pourquoi la signification de son nom celte « Briga » signifie forteresse de colline ou si vous préférez château fort. On appelle ses 15 000 habitants les Brigois qu’on surnomme également « brigands ». Hum, ce surnom nous donne des doutes sur leur passé!
Puis direction Saas Fee, où nous retrouvons notre hôtel, le Walliserhof, un cinq étoiles classé Relais et Châteaux. Ce lieu dans une ville piétonnière, invite à un séjour à la fois stimulant et reposant pour le corps et l’esprit. Parfait pour nous. À la fois design et authentique, l’hôtel respire une atmosphère de détente et de bien-être. La nature enchanteresse est de bon augure. Certains ont profité également des aspects modernes dont le spa et la piscine.
Dès notre arrivée, André nous a invité à le suivre pour une petite balade commentée du village. Que les maisons sont jolies, partout on a respecté les matériaux nobles et en particuliers le bois. Des jardinières toujours en fleurs sont accrochés aux fenêtres. Les rues non symétriques ajoute au charme de ce coquet village. On a visité l’église protestante plutôt moderne, puis un fait bien étrange de ce village, les maisons de bois anciens sur pilotis…de pierres plates. Au moins une vingtaine de ses maisons sont positionnées en bloc dans le village, plutôt amusant mais tout de même intriguant. On a également vu de très loin les grottes sur lesquelles une maison était accrochée. Certains de nos voyageurs ont pris la poudre d’escampette pour aller fouiner dans les magasins peu nombreux à être ouverts un mardi.
Juste avant le souper on a eu droit à une santé offerte par l’hôtel, délicat geste de bienvenue et un beau rassemblement pour nous. Le menu gastronomique et esthétique n’était pas pour nous déplaire non plus, au contraire. On est tout enthousiasme à y passer les deux prochaines nuits. Merci madame Drouin d’avoir privilégié cet emplacement pour notre séjour de deux nuitées qui est plus calme au lieu de Zermatt très touristique où nous irons tout de même demain.
Nous ce soir, on se sent un peu plus près du paradis et …de ses anges
Bonne nuit tout le monde!
Lucie