Accompagnée par
Lucie Garneau
Villes visitées
Genève, Lucerne, Oberland bernois, Gindelwald, Jungfraujoch, Lugano, Tirano, Saint-Moritz, Melide, Brigue, Täsch, Zermatt, Gornergrat, Chamonix, Annecy, Montreux, Lavaux Panoramic, Vevey, Charmey, Berne

Bonjour agriculteurs d’un jour,


D’abord, deux trois petites informations sur Bulle, la ville d’où nous partirons pour les trois prochains matins. Située dans le district de la Gruyère, elle est la deuxième ville la plus peuplée du canton après Fribourg avec 25 000…bullois mais surnommés les Crapauds, les Renailles ou les Orgueilleux. En 2004, Bulle s’est classée au 1er rang des villes romandes où il fait bon vivre selon une étude et, en 2021, elle arrive également en 1re place pour son dynamisme économique, pas mal pour une petite ville. Il paraît que le fabricant de montres de luxe Rolex crée présentement une nouvelle usine à Bulle, qui doit entrer en service en 2029 et employer plus de 2 000 salariés.


Et maintenant, vous vous demandez pourquoi je vous ai appelé « agriculteur d’un jour »? Eh bien, sitôt notre petit déjeuner terminé, nous partons en autocar pour aller à la fête des agriculteurs et plus particulièrement de leur troupeau de vaches pour fêter le retour des vaches et parfois des chèvres, dans leur quartier habituel de leur localité. Cette immense fête a lieu dans le Frigon à chaque automne. Ce grand rassemblement se nomme la « désalpe » et celle de Charmey (46e édition), située à une douzaine de kilomètres de Bulle, est la plus connue des fêtes traditionnelles de montagne. Sa réputation internationale éblouit les amateurs de traditions et d'authenticité. Cette descente à pied des troupeaux dans les plaines après plus de quatre mois passés sur les alpages (en montagnes) à brouter les petites herbes tendres, l’endroit de rassemblement devient l’occasion de rencontres avec ces paysans qui ont fièrement gardé leur troupeau et fabriquer le gruyère d’alpage et le vacherin fribourgeois Miam miam! Comme nous étions le dernier samedi de septembre, on a pu voir les vaches décorées de bouquets colorés, regagner la plaine dans un joyeux tintement de cloches. Cette « Rindyà » (dialecte signifiant "descente des alpages, restitution") reflète les traditions des montagnards qu’ils sont soucieux de perpétuer. Il faut s’y prendre tôt pour avoir une place en ville pour voir passer les troupeaux dans les rues alors que celles-ci sont complètement fermées à la circulation. même en arrivant avant 9:00, la file était longue.


On a vu les vedettes, les vaches, porter sur leurs têtes des arrangements de dahlias, de chrysanthèmes, de rhododendrons et de branches de sapin orné de papiers multicolores sur la tête signe que l’été s’achève, du moins, la fin de la période d’estivage. On imaginait bien quel grand jour pour ces armaillis, les bergers typiques des alpes fribourgeoises, là-haut dans les montagnes, après avoir passé quatre mois loin de chez eux, fiers, ils rentraient au village dans leur superbe costume traditionnel en cortège triomphal.


Depuis le lever du soleil ce matin, ils ont rentré leurs vaches, génisses et chèvres dans les étables et pendant trois heures, les ont préparés pour la descente de l’alpage. Puis le cortège s’est mis en route. Au milieu des animaux, les vachers ont défilé fièrement dans leurs costumes traditionnels avec femmes et enfants devant les spectateurs dans le tintamarre des énormes sonnailles, ces cloches accrochées au cou des vaches sur leurs colliers de cuir …brodés. Non mais elles sont coquettes ces vaches du Frigon. Ici, au pays du Gruyère, troupeau et vachers ont été accueillis par les touristes (10 000) et les familles comme des héros sur la place du village. Prédemment, il y avait eu un défilé de très vieux tracteurs, un cheval tirant une charette elle aussi décorée de fleurs, une parade de la fanfare de Charmey, puis, les joueurs de cor des Alpes, vous savez ce long (350 centimètres) instrument de musique à vent si difficile à jouer? À Charmey, la désalpe attire un nombre toujours plus grand de visiteurs, vous auriez dû voir le village débordant de curieux, comme nous, téléphone et Ipad en mains pour ne rien manquer du défilé de ces troupeaux de nombreuses vaches. On a ensuite fouiné au grand marché (80 kiosques) avec ses spécialités régionales et ses produits artisanaux. Une trentaine d’artisans étaient présents pour l‘occasion dans des kiosques et certains nous ont démontré leur art traditionnel, d’autres leurs spécialités gastronomiques respectueuses de la région et comme vous vous en doutez, un marché aux fromages d’alpage pour comparer les différentes saveurs de cet aliment des dieux du Frigon.


Cette transhumance (nom français de la désalpe), (la poya au printemps pour la montée dans les alpages et la Rindya à l’automne pour la descente des alpages), marque les saisons des éleveurs depuis que les alpages sont exploités. L’animée et joyeuse désalpe de Charmey met en valeur l’alpage, ses produits et le travail des éleveurs. Le passage des troupeaux, soigneusement préparés, est commenté et expliqué au micro par un ancien armailli. On a senti que cette fête crée ainsi des liens émotionnels entre éleveurs et citadins et entretient la poésie de la transhumance et la mémoire des pratiques artisanales : musique, costumes, chants, danse. Que c’est touchant les traditions.


Direction route de la gastronomie. Plaisirs des sens garantis. Pas responsable des kilos en trop. Nous filons vers Gruyères…le village, pour un petit lunch. Oh, en passant le fromage gruyère suisse n’a pas de trou contrairement à son cousin français. Vous saurez maintenant lequel est lequel à votre fromagerie du coin.


Quand on entre dans ce petit village, à cinq kilomètres de Bulle, là tout en haut de la côte, la magie dévoile les lieux. Cité médiévale de 2 300 gruériens, Gruyères occupe une position remarquable sur un grand éperon rocheux qui domine la vallée de la Sarine. Un paysage champêtre, comme un conte de fée. L’architecture de la commune compte huit siècles d’histoire et de culture dont un château du 13e siècle et… un pavé qui demande de bonnes espadrilles.


Évidemment que nous n’allons pas à Gruyère à l’Auberge de la Halle pour manger du poisson. Nous dégustons une quiche au fromage qui n’a rien à voir avec nos quiches de Ricardo. Il y a tellement de fromage qu’on dirait une tarte au citron. Nos papilles sont ravies. Mama mia que c’est bon! Du fromage et du vin : un péché…de gourmandise! Une soupe typique de la région accompagnée de viande de grison, complétait le mets principal. Un dessert avec ça? Hey oui, une salade de fruits frais et encore là rien à voir avec la salade de fruits en boîte DelMonte. Un dîner minceur quoi!


Avant le dîner, une petite marche nous a permis de fouiner dans la ville historique et dans ses boutiques et ainsi nous permettre d’acheter quelques petits souvenirs typiques ’’ made in Switzerland’’! Le château, bien qu'on ne puisse le visiter, demeure l'endroit privilégié pour jouer au photographe et se rapporter des souvenirs visuels de cette région bucolique. Vraiment, on a tout ''savouré'' de cette ville.


On poursuit la découverte du Fribourg, un autre cinq kilomètres plus loin. Un arrêt à Broc pour une bonne cause. Bien sûr je pourrais vous dire que c’est pour les paysages, certainement mais aussi …pour une visite-dégustation de la chocolaterie familiale Cailler de Nestlé. Que c’est difficile la vie d’explorateurs! Dans le cadre de cette visite historique de l’usine, l’entreprise nous explique toutes les phases de la fabrication du chocolat de façon ludique. L’exposition interactive nous fascine. On se croirait à Walt Disney. De la fève de cacao des Aztèques, en passant par l'idée de génie, la tablette de chocolat de M. Cayer, jusqu'à aujourd'hui avec Nestlé, seul propriétaire actuel, on a assisté à toutes les péripéties du chocolat. Délaissons maintenant le volet théorique et passons au côté pratique. Et oui mesdames, messieurs, pour pouvoir mieux vous en parler, on se sacrifie et on déguste TOUS leurs produits... ou presque. C’est comme un ‘’All you can eat’’... de chocolats. En fait, c’est comme Noël, la Saint-Valentin et Pâques en même temps. Pour les accrocs, comme nous à cette fève de cacao, on se donne bonne conscience en se rappelant que cette graine en forme d'amande contenue dans la cabosse est le FRUIT du cacaoyer et tout le monde sait qu’on doit manger beaucoup de fruits pour notre santé. Ah! les odeurs, Ah! l’onctuosité, Ah! ces flaveurs raffinées! À l’unanimité c’est décidé pour tout le groupe, on déménage à Broc! J’allais presque oublier de vous mentionner que Broc compte 2700 habitants…mais beaucoup plus de chocolats! Comme au marché, on fait les courses à la boutique pour faire des provisions de chocolat mais, sincèrement je pense qu'il ne vous faut pas trop espérer y goûter car j'ai l'impression que ces chocolats n'auront même pas la chance de faire le voyage au Canada.


La région fribourgeoise nous a réservé des paysages pittoresques insoupçonnés. Un cadeau apprécié de la nature suisse. Depuis ce matin également, on a la Suisse sur toutes nos papilles. Pour notre bénédicité ce midi, on aurait dû rendre grâce à toutes les vaches fribourgeoises tachetées de noir et blanc que l’on a vu dans les champs, pour le succulent lait qui permet de faire du si bons chocolats et de succulents gruyères. Amen! Vive le gruyère, vive le chocolat et vive la Suisse libre!


Je soupçonne madame Drouin d’avoir orchestré tout l’horaire de ce circuit de petits trains suisses en fonction de cette fête de la désalpe ou si vous préférez la transhumance et des excellents produits du terroir fribourgeois. Quelle idée exquise!


En dix minutes, nous sommes de retour à l’hôtel…le ventre plein et… le taux de sucre plutôt élevé.

Ah oui, il fallait vous dire aussi que nous avons eu un sympathique… souper de tapas. Et oui, de nouveau à table pour la poursuite de la découverte des produits du terroir…espagnol cette fois. On s’est sacrifié une fois de plus!


Très belle journée à circuler dans les alentours. On a grandement apprécié!



À demain!


Lucie


PS 1 Depuis 2016, Gruyère fait partie de l'association « Les plus beaux villages de Suisse ». Il a obtenu en 2021, le label « Meilleurs villages touristiques de l'Organisation mondiale du tourisme » et croyez-nous, c’est amplement mérité.


PS 2 À Broc, où se situe la Maison de chocolat Cayer, les brocois sont surnommés les Brasse-Pacot (lè Bråtha-Paco en patois fribourgeois), soit ceux qui brassent …la boue.