Accompagnée par
Lucie Garneau
Villes visitées
Milan, Lac Majeur, Îles Borromées, Lac de Côme, Lac D'Orta, Turin, Lac de Garde, Sirmione, Vérone, Valleggio, Borghetto Sul Mincio, Isola Della Scala, Padoue, Lido De Jesolo, Venise

Bon matin de nous tous,


Aujourd’hui, il serait bien tentant de partir à jeun. Je vous explique. Notre horaire nous mène faire un délicieux voyage à travers l'histoire et l'art du chocolat pour découvrir les secrets de ce délice adoré et bien-entendu pour s’offrir une expérience sensorielle unique.


D’abord, une route de 130 kilomètres nous a mené dans la merveilleuse ville de Turin et comme le dit le proverbe « pour savoir où on va, il faut savoir d’où on vient » alors Alex nous donne quelques données sur cette ville qui est la capitale du Piémont, fondée par l'Empire romain sous le nom de « Julia Augusta Taurinorum …qu’on a raccourci par le nom de Turin. Tout au long du parcours notre regard se dirige vers les montagnes enneigées au fond du paysage. Mais bien avant, en 1861, Turin fut la première capitale du royaume d'Italie, avant de perdre ce rôle en 1865 au profit de Florence, puis de Rome en 1870. Le Pô, fleuve de la ville, traverse cette ville de 857 000 habitants du nord au sud. Bien avant la mode de la petite auto « Cinque Cento », la Fiat 500, Turin figure comme siège historique du constructeur automobile…depuis 1899. Vous savez comment les italiens surnomment la Fiat maintenant? « Ferraille Invendue A Turin ». Aujourd’hui appelée « Lingotto », cette ancienne usine Fiat a été transformée en centre commercial et centre de congrès et est célèbre pour sa piste d'essai automobile sur son toit.


Puis on a rencontré notre guide local, Salvatore qui poursuit sur la lancée d’Alex. On aime tous les designs industriels italiens, pensez aux cafetières qui coûtent $$$ et, dont le fameux espresso a été inventé à Turin vers 1880. Les italiens aiment tellement le café que, croyez-le ou non, il y a une machine à café dans notre autocar. Une exposition internationale des arts décoratifs modernes s’est tenue à Turin dès 1902, à l'apogée de l'Art nouveau, et dans le même ordre d’idée, la ville a accueilli l'Exposition universelle en 1911. Son autre titre de « capitale » lui est attribuée pour son centre industriel important au cours de la première partie du XXe siècle, elle devient le poumon économique du pays avec de nombreuses activités, notamment industrielle grâce principalement à l'industrie automobile, de sorte que la ville gagne le surnom de la « capitale de l'automobile ». Oui je sais, vous pensez aussi à Ferrari, Maserati; mais ces deux usines se logent plutôt dans la région de l’Émilia Romagna avec « les prosciutto et les parmigiano ». Alpha Romeo quant à lui occupe la région de Naples et Lancia a conservé son usine à Turin.


Turin a aussi fait bonne figure en 2006 ville hôte des XXes Jeux olympiques d'hiver. Les investissements effectués à cette occasion ont permis de rafraîchir la ville et les infrastructures telles que le métro, ont contribué à sa modernisation. Mais pour les Jeux olympiques d'hiver de 2026, officiellement appelés les XXVes Jeux olympiques d'hiver, les épreuves auront plutôt lieu à Milan et Cortina d'Ampezzo, villes élues…où nous mettrons également les pieds dans quelques jours. Pour le tourisme, Turin se situe comme 10e destination touristique de l’Italie.


Dans le centre-ville, un bâtiment un peu étrange mais d’une fabuleuse architecture retient notre attention. Salvatore nous explique que c’est le siège du Musée national du cinéma depuis l’an 2000, et on appelle ce bâtiment en forme de dôme, la Mole Antonelliana, héritière du symbole de la ville au même titre que la tour Eiffel à Paris, d’ailleurs ne s’amuse-t’on pas à dire que Turin est « le petit Paris »? Et après tout, la famille française de Savoie était bien étabie ici. « Les délices de Savoie » ne font pas référence à la gastronomie mais plutôt aux splendides châteaux que cette famille aurait laissés. Et pour revenir au cinéma, Turin se veut la ville par laquelle le cinéma a été introduit en Italie, en raison de la proximité historique, géographique et culturelle avec le cinéma français et les frères Lumière de Lyon. Fondé en 1953, il s'agit du musée le plus fréquenté de Turin, berceau du cinéma national, et aussi le plus grand consacré au septième art en Europe.


Bien sûr on a croisé de superbes architectures avec le palais royal, la bibliothèque royale, le palais Madame et le palais Carignan, le palais Benso di Cavour trois exemples d’architecture baroque, et le château du Valentino, construction unique en son genre en Italie, puisqu'elle mélange un baroque resplendissant à une architecture inspirée des châteaux français.


Partout en Italie, il y a de grande piazza, de grandes espaces extérieures où les gens peuvent se balader, échanger entre générations, à Turin il y en a de très grandes au centre-ville :

La place Vittorio Veneto, l'une des plus grandes d'Europe (31 000 m2), qui débouche sur l'église de la Gran Madre di Dio, La place San Carlo qu’on a photographié sous toutes ses coutures avec la statue équestre d'Emmanuel Philibert, duc de Savoie, sculptée par Carlo Marochetti, l'un des points névralgiques de la ville, la Place de l'Hôtel de ville, où se trouve l'hôtel de ville et la statue du Comte vert, Porta Palazzo (la porte palatine). De jour, on dit que cette gigantesque place, se transforme pour devenir le plus grand marché à ciel ouvert d'Europe idem pour la Porta Palazzo qui serait est l'âme ethnique de la ville, où se mélangent aux produits piémontais des senteurs et des goûts venus de toute l'Afrique et de l'Asie. La place Castello, symbolise elle le cœur de la ville. Et qui dit Italie dit religion, c’est donc la cathédrale Saint-Jean-Baptiste qui abrite le Saint-Suaire qui est la plus intéressante, heureusement que lors du feu, ce dernier était dans la crypte et qu’il a été préservé. L’intérieur recèle de richesses baroques, l’immensité des lieux est impressionnante.


En entrant dans la ville, on avait remarqué une statue de sphynx en se demandant bien le rapport de cet animal avec la ville. En passant devant un grand bâtiment plutôt moderne, Salvatore nous a appris que c’est ici à Turin que se trouve le plus grand musée égyptologique en dehors de l’Égypte. D’ailleurs tous les grands spécialistes de cette science sont passés par ce musée.


Et maintenant, passons aux choses sérieuses…le chocolat. D’abord, il vous faut savoir que nous ne venons pas ici par hasard. Turin, n’est pas seulement la capitale du Piedmont, elle est aussi la CAPITALE DU CHOCOLAT en Italie, rien de moins. C'est à Turin, suite à une autorisation de vendre et d'exploiter du chocolat, donnée par la régente Jeanne Baptistine de Savoie Nemours en 1678, que l'aventure du chocolat a commencé et s'est développée. Bénie sois-tu Jeanne!


Maintenant, la région connaît sa célèbrité pour sa concentration exceptionnelle de chocolatiers.Première ville productrice de chocolat dans la « Botte », elle occupe une place à part dans l’histoire des friandises, notamment grâce à la création, au XIXe siècle, du gianduja, ce délicieux, divin, exquis, délectable et sublime chocolat aux noisettes mondialement réputé. Ce gianduiotto (au pluriel : gianduiotti), ce bonbon de chocolat prend la forme de prisme à base rectangulaire, produit avec du gianduja cette pâte de noisette et de cacao. Il est originaire de Turin et composé de cacao amer et du sucre avec la fameuse noisette Tonda Gentile del Piemonte, (en 1996, cette noisette exceptionnelle a obtenu la certification IGP - Indication géographique protégée) réputée pour sa qualité. Il figure parmi les produits agroalimentaires traditionnels du Piémont et, sous le nom de Giandujotto di Torino. Il est généralement emballé dans du papier doré ou argenté…comme nous avons pu le constater et….le goûter. Et si vous avez la chance de découvrir la gelato gianduia, n’hésitez pas une seconde, c’est la meilleure saveur au monde.


Et devinez qui porte le titre du berceau du Nutella fait avec chocolat et noisettes, créé par Pietro …Ferrero de la société du même nom? C’est la ville d’Alba, située à environ 60 km de Turin, toujours dans le Piedmont. Moi, je déménage demain! Et comme on dit souvent, c’est en faisant des erreurs qu’on fait souvent les grandes créations, à preuve le Nutella. La légende raconte que les frères Giovanni et Pietro Ferrero avaient mis au point un mélange de cacao et de noisettes en 1946. Lors de l’été caniculaire de 1949, la pâte devient crémeuse, elle ne se solidifie plus. Les deux frères décident alors de la vendre telle quelle, dans des petits pots en verre. Le succès de cette pâte délicieuse, nourrissante et peu onéreuse, que l’on tartine sur du pain, est retentissant. Des générations plus tard, on en mange encore au petit-déjeuner !


Et pour poursuivre dans le chocolat, il paraît que Turin doit au duc Emmanuel-Philibert de Savoie (16e siècle) sa passion pour le chocolat. C’est lui qui rapporta de la cour d’Espagne des grains de cacao. On dit qu’au moment du transfert de la capitale de Chambéry à Turin au XVIe s., le duc aurait fait servir à toute la population turinoise une tasse de chocolat chaud.

Quelques siècles plus tard, naissait le célèbre « bicerin » qui signifie « petit verre ». Cette boisson typiquement turinoise est composée de café noir, de chocolat onctueux et de crème qu’il ne faut surtout pas mélanger pour bien goûter les trois ingrédients superposés. Le bicerin est un incontournable des grands cafés historiques et élégants de Turin où l’histoire de l’unité italienne s’est écrite au XIXe siècle. Nous ne pouvions pas venir à Turin sans y goûter. Tout ce qu’on dit du bicerin est vrai, on l’a dégusté et constaté pour vous sur la terrasse du Café Torino, sous un soleil splendide. Croyez nos 26 paroles. Délicieux et unique.


Le chocolat se consomme sous forme de boisson jusqu’au début du XIXe s. Le premier chocolat à croquer aurait été fabriqué à Turin par Pier Paul Caffarel dans les années 1820, le cioccolatino était né. Il installa à Turin sa chocolaterie, aujourd’hui la plus ancienne d’Italie. On s’y est arrêté pour faire le plein pour vous gâter. En 1865, l’ajout de noisettes des Langhe (région au sud de Turin), au cacao a créé le gianduiotto, premier chocolat en papillote. Initiateur du chocolat solide dans la ville, il en fabrique alors, grâce à l’une de ces nouvelles machines, plus de 300 kg par jour. C’est à partir de ce moment-là que le chocolat devient une friandise accessible à l’ensemble de la population, et non plus une boisson réservée à une élite. Petit détail linguistique intéressant d’ailleurs que nous fait remarquer Salvatore, (vous savez qu’on s’intéresse à la langue italienne depuis le début de notre voyage), en italien le mot chocolat est féminin quand il s’agit de la boisson (un chocolat chaud se dit una cioccolata calda) et il est masculin quand il s’agit de sa version solide (il cioccolato).


L’art chocolatier turinois c’est un patrimoine vivant. Il est impossible de citer tous les chocolatiers historiques, industriels ou artisanaux, qui œuvrent dans le Piémont depuis le XIXe siècle et perpétuent cette tradition chocolatière, mais en voici quelques-uns : Caffarel donc, le chocolatier en exercice le plus ancien de Turin (où l’on a fait des achats) ; Baratti & Milano, deux associés qui ont ouvert une confiserie en 1858 ; Leone, créé en 1857 à Alba un peu plus au sud et présent à Turin depuis 1880 ; Peyrano, qui date de 1914, leader des chocolatiers artisanaux ; Streglio (1924), Feletti (1882), Talmone (1850) ; Venchi, créé par un ancien ouvrier de Baratti & Milano qui s’est mis à son compte en 1878 ; Novi (1903), Pernigotti (1868), A. Giordano (1897), aujourd’hui gérée par la famille Faletti, la seule chocolaterie qui réalise encore la coupe des chocolats à la main ; ou encore Guido Gobino (1964), l’un des meilleurs chocolatiers d’Italie sur les 600 que compte la péninsule et que l’on a croisé et qui fut une destination pour certains voyageurs dans notre temps libre car j’ai cru remarqué des sacs identifiés à cette banière chocolatière.


Si la région représente plus de 40 % de la production nationale italienne de chocolat, il est devenu de mise que depuis 2003 Turin organise tous les ans, un rendez-vous incontournable, le Cioccolato, hommage gargantuesque au chocolat avec des événements, des dégustations, des expositions et des spectacles. Fin février, tous les maîtres chocolatiers, entreprises industrielles et chocolateries artisanales, turinois, italiens et internationaux, présentent leur savoir-faire au public dans les rues de la capitale piémontaise. Nous on revient c’est promis! D’accord madame Drouin?


Notre dîner a eu lieu au restaurant La Badessa sous un decor quasi médiéval avec ses épais murs de pierres, sa décoration avec ses bocks de bières. En entrée, son fromage local arrosé de miel de la région nous a mis l’eau à la bouche juste avant les bouchées de veau mijotées à la « Marengo », version italienne de notre boeuf à la mode. Succulent. Et qui dit Turin dit chocolat, un « dolce » chocolatée a complété le repas.


Une petite marche en temps libre fut la bienvenue pour explorer cette magnifique ville qui nous a surpris par ses splendides bâtiments majestueux ou, pour faire le plein de chocolat.


C’est la « bedaine » pleine de chocolat que nous sommes repartis vers Stesa pour notre dernière nuit à cet hôtel.

Une fois dans l’autocar, nos voyageurs en ont profité pour faire un petit roupillon.


Si nous ne sommes pas capables de dormir ce soir on saura pourquoi, mais…c’est pour une bonne cause !

Bonne nuit


Lucie


PS Il y avait quelque chose d’un peu special à l’Hôtel Grand Bistro. J’ai donné un défi à mes voyageurs de trouver qu’est-ce que cela pouvait bien être. Ils avaient 5 jours pour le trouver et jour après jour je donnais des indices, mais il semble que ce fut difficile pour la plupart d’entre eux. Enfin hier soir, je leur ai révélé de quoi il était question et les ai invités à venir avec moi pour voir ce qu’il en était: un ascenseur à l’horizontal. Hey oui, comme l’hôtel est très grand, l’ascenseur amène les clients avec leurs bagages du devant de l’hôtel vers l’arrière, ingénieux non?


Voici quelques personnalités ayant eu un rapport étroit avec Turin:


Umberto Eco (1932-2016), sémiologue et écrivain, son livre le plus célèbre? Le nom de la rose dont on a tiré un film avec Sean Connery, vous vous souvenez?

Alessandro Baricco (est né et a vécu à Turin en 1958), écrivain, livre très connu : SOIE

Carla Bruni Tedeschi (née à Turin en 1967), mannequin et auteur-compositeur-interprète, épouse de Nicolas Sarkozy, ex-président de la République française.

Accord de collaboration : avec Vancouver, depuis le 30 mars 2004, accord de partage de connaissances, notamment dans l'organisation de Jeux olympiques d'hiver 2006.


Quelle est la marque de chocolat la plus connue du monde ? Sans surprise, Ferrero, Kinder et Lindt se partagent les ventes.