Jour 13 Venise

Bonjour insulaires d’un jour,

On y est presque, Venise! Notre hôtel situé à Lido de Joselo (27 000 habitants) soit une cinquantaine de kilomètres de Venise, est un petit paradis pour nous, habitués des deux dernières semaines à profiter des lacs, des montagnes et des plaines de l’Italie du nord, maintenant on se retrouve face à la mer sur le premier cordon littoral de la lagune (22 km²) de Venise. Ce quartier de la ville métropolitaine de Venise permet d’avoir le meilleur des deux mondes : la proximité de Venise et …ses 14 kilomètres de plage face aux eaux claires de la mer, une combinaison parfaite pour nous entre détente et divertissement.

Notre hôtel, le Croce di Malta, possède des balcons bleus et à l’entrée de la plage on a placé une affiche en l’honneur d’une actrice italienne des années 50 à 70, reconnue disons, pour ses charmes. Vous savez de qui il est question messieurs? Oui, Gina Lolobrigida. Très tôt, certains ont fait comme moi et ont profité d’un merveilleux levé de soleil sur la mer. Puis le petit déjeûner buffet offrait de tout, même du beurre d’arachide et, particulièrement de nombreuses pâtisseries, et oui, ils sont fait forts ces italiens.

Alex nous a résumé un peu la situation de Venise, sa lagune, ses marécages puis, nous sommes partis en bateau privé pour rejoindre Venise et ainsi on découvrait ses berges où voiliers et énormes bateaux privés longeaient les battures.On a même vu une affiche qui faisait la promotion de la Biennale de Venise, qui mettait en vedette les projets d’architecture en mai 2025.

Tous avaient très hâte de découvrir ou redécouvrir Venise, cette ville surnommée « la sérénissime », titre honorifique décerné avec parcimonie. Peut-être portait-elle bien son nom de ville sereine et calme, lors de sa fondation peu après 568 mais maintenant, bien que toujours prestigieuse, cette « altesse » est plutôt…fort occupée avec ses 48 000 vénitiens et plus particulièrement… avec ses 20 millions de touristes par année.

Lors de notre arrivé, nous avons traversé cinq ponts pour nous rendre à la place Saint-Marc. Nos voyageurs ont pu prendre amplement des photos tandis que la foule devait faire la grasse matiné en ce lundi. C’est à cet endroit que nous avions rendez-vous avec notre guide, Argentina.

Aucun d’entre-nous ne doute de la désignation de cette ville au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1987. Argentina nous dit que cette ville flottante, intemporelle et magique fondée vers la fin du VIe siècle et bâtie sur une lagune située sur la mer Adriatique. Elle comporte 118 îles comme voisines et, 177 canaux pour s’y déplacer en vaporetto au lieu du métro et, en gondoles pour les touristes romantiques. Mais comment faire pour s’y retrouver avec ses 455 ponts? Facile, les îles communiquent entre elles nous direz-vous? On voudrait bien vous y voir vous aussi. Des noms de rue certes mais la plupart du temps non inscrit, encore moins de numéro civique et évidemment…aucune voiture; les déplacements se font « à la sueur de vos pieds ». Le plaisir de cette ville alors? Explorer l’histoire de la ville par le biais de son architecture majestueuse gothique vénitienne.

Avec notre guide, on a bien compris que pour contrer d’éventuels envahisseurs en cas de siège, l’eau constituait un barrage naturel, en plus de servir de voie de transport rapide de marchandises vers l’océan. On voulait protéger la ville et ses éléments notoires comme ses canaux, notamment son Grand Canal et ses gondoles, ses nombreuses églises, sa place Saint-Marc, son palais des Doges, son Pont des Soupirs, sa Biennale, et maintenant son carnaval…

En arrivant dans le cœur de la ville, l’immense Place Saint-Marc (180 mètres de long et 70 mètres de large, et sa forme actuelle depuis l’an 1177) au bord du Grand Canal, partage son territoire politique, religieux et économique avec sa basilique, son campanile si vous préférez clocher, le bâtiment en hauteur mais qui est toujours indépendant de l’église ou basilique, sa Tour de l’Horloge, le palais ducal et, son palais des Doges, si vous l’avez déjà vu, avouez que cela constitue « le plus élégant salon d’Europe »!

Et pourquoi Saint-Marc? Ce dernier était venu évangéliser la région au I^er siècle par bateau et avait fait naufrage dans la lagune qui allait donner naissance plus tard à la « Sérénissime ». Un ange lui serait alors apparu et lui aurait alors dit ces mots : « Paix sur toi Marc mon évangéliste, tu trouveras ici le repos ». Saint Marc devient ainsi le Saint Patron de la ville avec le lion comme symbole. Comme on a bien remarqué lors de notre balade, ces lions sont effectivement bien représentés partout alentour de la place et sur les bâtiments. Cette piazza est située au niveau le plus bas de Venise, c’est pourquoi lorsqu’il y a « acqua alta » ou, l’eau haute, c’est le premier lieu à être inondé. Lorsque cela se produit, les autorités doivent mettre en place des passerelles pour que les habitants et nous les touristes puissions circuler.

On remarque aussi les colonnes de Saint-Marc et Saint-Théodore, situées à l’entrée de la place sur le Grand Canal. Elles ont attirées notre attention. Construites en granite et érigées en 1172, c’est l’endroit où avait lieu les exécutions publiques, heureusement ses tristes scènes sont choses du passé. Cette place Saint-Marc loge le Café Florian, le deuxième plus ancien d’Europe (1720). Il propose de la musique avec musiciens élégamment vêtus, le tout en direct depuis plus de 100 ans. Ce lieu de la bourgeoisie par excellence vous offre un café pour 20 euros. En fait, le café est gratuit, c’est le prix de la place assise avec concert qui vous est chargé. Il paraît que ça n’a pas de prix pour quand vient le soir venu. Une autre fois peut-être?

Argentina nous fait remarquer le bâtiment le plus emblématique d’entre tous, le palais des Doges, qui se reconnaît à son élégance, luxueusement décoré qui comprend des traits de styles architecturaux gothiques, mauresques et de la Renaissance. Ce bâtiment fut la résidence officielle des doges, les magistrats en chef et les dirigeants de la république de Venise entre 726 et 1797, ainsi que le lieu de représentation de ses institutions majeures : du pouvoir législatif, exécutif et judiciaire. Jusqu’au XVI^e siècle, le palais abritait les prisons de Venise situées sous les toits excessivement chauds dit-on (50 degrés Celsius). C’est dans cette prison que fut détenu Giacomo …Casanova. Ce nom vous dit quelque chose? Le tombeur de ces dames ( et des messieurs aussi selon Argentina) qui lors du 1^er novembre 1756, réussi à s’en évader avec l'aide de son voisin de cellule… un prêtre. Ce fut l'unique évasion qu'ait connu cette prison. L’architecture de ce palais représente la plus grande œuvre d’imagination de Venise, le mariage de l'art gothique et de l'art de la Renaissance dans un décor coloré. Au XIVe siècle, les meilleurs architectes, sculpteurs, peintres de toute l’Italie y travaillèrent avec les matières nobles tel le marbre rouge de Vérone entre autres. On y retrouve de nombreuses fenêtres et plusieurs sculptures sur la façade. L’énumération de tant de beauté serait ici trop longue. Voyez par vous-mêmes la finesse de ce palais sur nos photos.

La basilique Saint-Marc juste côté n’a pas été laissée pour compte avec son imposant campanile. La plus importante basilique construite à Venise en 828 détruite par un incendie en 976 et également 1827, a nécessité des architectes venus de Constantinople pour bâtir « un superbe temple singulier et rare ». Nous sommes quelques-uns à avoir été pris d’une soudaine envie de prier pour pouvoir entrer gratuitement dans une petite section de la basilique. À l’intérieur, c’est très sombre mais d’un raffinement dignes des nobles « du temps des cathédrales « comme le dit la chanson mais remplaçons ici cathédrale par basilique Ses cinq dômes donnent une allure de prestige au bâtiment. Son style dominant de byzantin démontre bien la volonté d’établir la richesse et l’importance des lieux. Encore une fois, nos photos vous éblouiront vous aussi. La tour élancée du campanile et son carillon de même que la Tour de l’Horloge, complètent bien ce tableau grandiose qu’est l’ensemble de la place Saint-Marc.

Derrière le palais des Doges, le pont des Soupirs (1602) totalement fermé et construit au début du XVII^e siècle en marbre et pierre blanche avec deux fenêtres grillagées, demeure l’attraction touristique principale et la foule s’y entasse pour y croquer la plus belle des photos de ce pont romantique. Mais attention, il n’en est rien. Ce pont-passerelle couvert relie en fait les anciennes prisons aux cellules d'interrogatoires du palais des Doges. Son nom suggère plutôt le soupir exprimé par les prisonniers conduits devant les juges, lors de leur dernier regard porté sur Venise. Vous devinez donc que c'était la dernière image de la liberté pour ceux qui allaient finir leurs jours en prison. Casanova fut chanceux d’y échapper. Ce même passage les emmenait aussi de la prison aux salles de torture. En le prenant, on allait soit aux « puits », des cachots sombres et humides, situés au sous-sol, soit aux plombs où les prisonniers étouffaient dans la chaleur de cellules situées sous des toits recouverts de grosses plaques de plomb. La réalité est parfois différente de ce qu’on imagine! Nous sommes désolés de décevoir les romantiques parmi vous…tout comme nous.

Argentina nous a conduit au pont du Rialto que l’on ne pouvait pas manquer, ce point central de la ville. Très reconnaissable à sa silhouette en arc de cercle, il nous a donné une allure unique. Ce pont de pierre est incontestablement un chef-d'œuvre architectural. Construit sur un terrain marécageux, le pont repose sur pas moins de 6000 pieux. Il mesure 48 mètres de long, 22 mètres de large et 7,50 mètres de haut. Le pont du Rialto, sur le Grand Canal est l'un des quatre plus anciens ponts de Venise construit au XVIe siècle après des reports de plusieurs décennies et ses trois ans de travaux. Non seulement le plus grand marché aux légumes et aux poissons de Venise se trouvait et se trouve encore juste à côté, mais c'était également là que les premiers “banquiers” de Venise officiaient. On a eu droit à un concentré de touristes venus comme nous, y prendre notre petite photo comme celle qu’on prend à Oia, Santorini en Grèce avec ses petites maisons blanches au toit bleu.

La guide mentionne que Venise s’enfonce de 1 à 2 mm chaque année car la ville a été bâtie sur pilotis et d’ailleurs la plupart des palais, des églises et des maisons composant la cité reposent sur des troncs d’arbre. Comme la vase isole le bois de l’air, cela lui donne une qualité imputrescible. Selon les historiens, la célèbre Basilique de Santa Maria de la Salute située dans le quartier de Dorsoduro reposerait sur, tenez-vous bien, plus de 1 156 672 troncs d’arbres. Les architectes auraient utilisé des pieux de mélèze et de chênes mesurant plus de 4 mètres de long.

En se dirigeanr vers le restaurant on a aussi remarqué ce qui semblait être une mariée mais, à voir la figure du futur époux, il avait plutôt l’air de s’en aller au bucher hihi! Quelques photographes accompagnaient le modèle, possiblement pour une publicité quelconque.

Nos voyageurs s’arrêtaient partout dès qu’une gondole apparaissait sur les différents canaux. Après tout, ce bateau genre « canot de luxe » est bien le symbôle le plus connu de Venise. Les gondoliers eux ont fier allure avec leur chandait rayé bleu et blanc, certains rouge et blanc et, certains poussent même la coquetterie de porter un canotier sur leur tête. On a également pris des photos des masques que l’on retrouve dans de nombreuses boutiques et qui rappellent la représentation de leur carnaval qui a lieu à la fin du Carême généralement en février. Ces masques sont bien modestes comparrés aux authentiques réalisés par des artistes pour l’évenement et, qui valent, costmes compris, des milliers d’euros. Comme à Naple, on a remarqué à deux reprises, des cordes à linge des deuxièmes étages. Ça nous a fait sourire.

Pour dîner, Alex nous a dirigé à la Cantina Canaletto (La cave des canaux), nom approprié pour les lieux. En fait, ça ressemblait un peu à une brasserie de chez-nous mais oubliez les burgers, ici c’était plutôt, entre autre, du risotto. Délicieux. La Mostra de Venise ça vous dit quelque chose? La célèbre fête du cinéma où certains réalisateurs québécois ont fait belles figures: Xavier Dolan en compétition pour le Lion d’Or en 2012 avec son film Tom à la ferme, Denis Villeneuve également en nomination pour trois de ces films: Arrival, Incendies et son plus récent; Dune. Puis Ariane Louis-Seize a pour sa part briller à la Mostra en remportant le prix de la meilleure réalisation pour son film Vampire humaniste cherche suicidaire consentant en 2023.

Notre après-midi fut libre et chacun y allait de ses goûts personnels pour entrer dans les boutiques et possiblement s’y procurer un masque qui représente le fameux Carnaval de Venise qui représente le 17e siècle, soit l’époque baroque. D’autres ont reluqué les superbes costumes d’époques présentés dans les vitrines pour ce même festival. Huit de nos voyageurs ont joué la carte romantique…en quatuor, pour faire un immense tour de 50 minutes en gondole, par les petits canaux et ayant ainsi accès à l’arrière des maisons. D’autres ont tout simplement essayé de s’y retrouver à travers ses ruelles en marchant quelques pas de plus que prévus pour rejoindre le point de rencontre. Ah le plaisir de se perdre dans Venise!

On retourne le cœur content d’avoir vécu à notre façon une autre page de l’histoire italienne.

Le retour au Lido permet à certains voyageurs de …rêvasser dans l’autocar.

Deuxième souper à notre hôtel où les repas sont copieux et savoureux avec un service hyper efficace.

Buona notte da Venezia!!

Lucie

PS 1Voici tous les noms qui sont parfois nommés pour désigner Venise, à vous le choix : la « Cité des Doges », la « Sérénissime », la « Reine de l'Adriatique », la « Cité des Eaux », la « Cité des Masques », la « Cité des Ponts » ou encore la « Cité flottante ».

PS 2 Environ 400 gondoles circulent sur les canaux de la ville chaque jour. Cela vous semble beaucoup ? À une certaine époque, environ 10 000 gondoles peuplaient les canaux de la ville ! Au cours des siècles précédents, les riches Vénitiens utilisaient une gondole comme les Parisiens utilisaient un cheval. Aujourd’hui, seulement trois à quatre permis de gondolier sont délivrés chaque année. Pour l’obtenir, les candidats doivent être en mesure de suivre une formation approfondie après avoir passé un examen rigoureux et par la suite se procurer le permis nécessaire qui, dit-on, vaut 500 000 euros, il leur faudra en faire des tours de gondole pour rentabiliser ce permis!

PS 3 Venise a vu grandir certaines des plus grandes personnalités de notre histoire, notamment le célèbre séducteur et dramaturge Giacomo Casanova, l’explorateur Marco Polo et le compositeur Antonio Vivaldi.

PS 4 Saviez-vous que la compagnie italienne des chaussures Tod's est très engagé envers les beaux-arts vénitiens? Ils sont de bons partenaires pour favoriser les nobles métiers de restauration entre autres pour la Scuola Grande di San Rocco. Également, le chanteur d’opéra Andrea Bocelli a fait un concert à Venise pour aider le domaine des arts, en particulier la peinture dans le cadre de la Biennale en avril 2024