Bonjour fidèles amis(es), et toute la parenté,
Je crois bien que cette dernière journée va vous plaire…autant qu’à nous. Je sais qu’il est probablement un peu tôt en journée pour parler de ça mais pensez que nous, on a eu toute la journée pour faire une superbe balade dans les collines de la région …du Prosecco. Oui je sais, habituellement on va visiter des vignobles pour le vin blanc, le rouge ou le rosé mais dans la région où nous sommes, le Prosecco est à l’honneur, la spécialité de l’endroit comme…nos bleuets au Lac Saint-Jean.
Alex nous mets en contexte de la journée puis commente la route pour s’y rendre. Il opte pour la route régionale à l’aller afin de nous faire passer par tous les petits villages et suivre en partie le fleuve Sile dont la source se trouve à Trevise. D’abord, il nous faut vous parler du circuit pour s’y rendre et de sa géographie. Nous avons refait un certain trajet de la route d’hier lors de notre visite à Cortina d’Ampezzo puis, nous avons bifurqué vers l’ouest pour entreprendre un peu plus loin « La Route du Prosecco et des Vins des Collines vers Conegliano Valdobbiadene ».
Alors, on vous énumère ici, dans l’ordre ou dans le désordre, le nom des petits villages que nous avons traversés pour vous mettre un peu dans l’ambiance: Musiele di Piave (Piave : fleuve ou pour nous: rivière), Fossalta di Piave, Zenson di Piave, Fagare di Bataglia, Breda di Piave, Maseronda sul Piave, Spresiano, Ponte della Priula, Colfosco, Pieve di Solego, Follina, Valsana, Pedeguarda, Refrontolo, Vittorio Veneto, Vittorio Venato, Cozzuilo….un chapelet de petits villages! Peut-être que vos Google Maps ne vous donneront pas certains de ces villages car ce sont en fait ce qu’on appelle ici des « frazione » ou si vous préférez, des bourgs.
Chacun des petits villages est accompagné d’une allée d’immenses platanes. Au lieu d’être un tapis rouge qu’on déroulait pour nous, c’était…un tapis vert! En Vénitie les paysages changent et les anciennes villas de campagne des anciens nobles font partie du décor. À Fossalta di Piave, l’église avait tellement de pouvoir politique, et religieux que son campanile est au moins deux fois plus haut que l’église. Faut dire qu’en sonnant les cloches, c’était la façon de communiquer avec le peuple; le what’s App de l’époque quoi! Le village de Zenson dans Trévise doit sa réputation à sa salade rouge (radichio) avec lequel on prépare aussi le risotto.
Alex mentionne que si la production des produits du terroir est si bien respectée c’est en fait que les lois italiennes pour l’agriculture sont beaucoupl plus sévères que pour le reste des pays européens,
À Breda di Piave, bien que nous soyons au nord de l’Italie, d’immenses palmiers retiennent notre attention dans la ville.
Entre temps, Alex, notre orateur né, nous entretient sur le système de santé italien qui, somme toute, ressemble baucoup à notre son fonctionnement à deux vitesses; public et privé.
En passant par Spresiano, nous sommes dans les Pré Alpes mais déjà on voie apparaître les collines. C’est ici, entre la plaine et les Alpes, que le terrain favorise les vignes pour le sépage appelé Glera, maître suprême du Prosecco. D’ailleurs c’est également ici qu’on voie notre première affiche « Conigliano », l’un des deux villages entre lesquels se situent officiellement les Collines du Prosecco.
Conegliano et Valdobbiadene sont situées à 50 kilomètres de notre belle Venise et, à 100 kilomètres des Dolomites. Cet itinéraire spécifique de plus de 90 kilomètres nous a permis de traverser une zone riche en charme avec ses collines qui défilent comme un chapelet de rondeurs, tout en douceur. Dès le début, on a su qu’il s’agissait d’une région unique, d’un amphithéâtre naturel. Les géologues vous diraient que cette zone si typique est « caractérisée par une formation géomorphologique particulière connu sous le nom de « dos de porc », drôle de nom…non? Elle est composée de calcaire et de sol sablonneux. Ces deux types de sol différents en font sa recette parfaite pour la croissance des vignes pour le Prosecco, de même que ses expositions différentes: est et ouest: soleil et ombre et, sa barrière naturelle avec l’europe, profitant ici de la plaine et de la protection des vents et du froid qui créé un microclimat. Nous, on y a vu une série de pentes parfois abruptes et quelque peu accidentées s’étendant dans une direction est-ouest et entrecoupées de petites vallées parallèles. Un envoûtement!
Les vignerons, « les purs », pensaient dans un premier temps ce paysage plutôt hostile pour la culture de la vigne, mais ils ont appris à s’adapter au fil du temps. C’est d’ailleurs dans ce souci d’adaptation qu’Ils ont conçu le « ciglione’, un système de terrasses dépourvu de pierres et doté d’un sol herbeux qui facilite le renforcement des pentes. Du même coup, ils réduisaient l’érosion des sols. Ah, qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour le vin!
Alex mentionne que la quinzaine de communes de la région, productrices de Prosecco, ont ainsi favorisé la création d’un paysage agricole multiforme tant par sa forme que par sa composition. C’est le fameux « patchwork » ou si vous préférez, la « courte-pointe » qui a fait la réputation du prosecco superiore. Déjà en ce début d’automne ici, les vignes commencent à prendre les couleurs des courtepointes multicolores comme sur le lit de votre grand-mère. Pour toutes ses raisons, en 2019, les collines du Prosecco de Conegliano Valdobbiadene ont reçu la distinction suprême de patrimoine mondial de l’UNESCO grâce à leur paysage et culture ancienne unique au monde et, est devenue l’appellation d’origine contrôlée et garantie (DOCG) Conegliano Valdobbiadene.
Conegliano, c’est la deuxième ville la plus peuplée de la province après Trévise, avec plus de 35 000 coneglianesi. Sa production est principalement le prosecco blanc sec (produit à partir du glera un cépage blanc italien de raisin de cuve. Il compose de 85 % à 100 % du vin prosecco qui se décline en trois variétés : tranquillo (tranquille), frizzante (légèrement pétillant) et spumante (pétillant). La ville abrite également la plus ancienne et la plus prestigieuse école d'œnologie d'Italie, la Scuola Enologica. Les viticulteurs de l'institut contribuent à sauver de l'extinction de nombreux cépages italiens indigènes; pas mal pour une petite localité de 35 000 habitants. En plus du Prosecco, Conegliano perce dans les arts, l’histoire et la culture en général.
Pour vous parler encore de cette région, il est également intéressant de savoir qu’à 33 km, Valdobbiadene ne fait que 10 800 habitants. Ce nom que nous voyons régulièrement sur les bouteilles de mousseux à la SAQ et qui est si difficile à prononcer, se trouve donc très près. Le nom de cette mignonne petite ville signifie « vallée du Piave », le cours d’eau qui coule à proximité dont on vous a précédemment énuméré plusieurs noms de villages et qui devient l’héritage de ce cours d’eau. On dit que Giacomo Casanova y passa même la nuit du 1er novembre 1756 juste après sa fuite de la prison vénitienne, celle-là dont on vous a glissé un mot avant-hier. Y allait-il pour rejoindre une autre de ces dames dans ses carnets ou, pour déguster un bon prosecco? Peut-être bien les deux pour joindre l’utile à l’agréable hihi!
On ne voudrait offusquer les gens de ces deux villes mais on dit qu’en fait, on produirait du Prosecco également dans cinq provinces de Vénétie (Belluno, Venise, Padoue, Trévise et Vicence) et quatre provinces de Frioul-Vénétie Julienne, pas très loin à la frontière de la Slovénie. (Gorizia, Pordenone, Trieste et Udine).
On s’arrête à l’un de ces petits villages de carte postale, Follina, pour y visiter un lieu religieux, une ancienne abbaye cistercienne de Santa Maria de Follina. On relate qu’il y avait eu une fondation bénédictine. Fondée en 1146, elle est fermée en 1771. Le démarrage probable de la construction du monastère aurait débuté en 1154. Vous imaginez, il y a pratiquement un millénaire. En 1229, le couvent a eu une vocation hospitalière. Puis les cisterciens sont remplacés par des moines camaldules (sorte de sous-branche des bénédictins). Par la suite, le cloître a été réparti entre plusieurs familles qui y construisent divers bâtiments. Puis en 1819, on lègue l’abbaye à la municipalité afin que celle-ci en fasse la paroisse de la ville. Durant la Première Guerre mondiale, l'abbaye s’est retrouvée au cœur des combats et a été fortement endommagée. Mais aujourd’hui, on a pu voir une restauration de grande ampleur, non seulement des dommages de la guerre, mais des destructions et pillages ayant affectés l'édifice depuis 1771, et tous ces travaux menés par des mains de maîtres… des communautés religieuses entre 1919 et 1922. À l’extérieur se niche la statue (1915) de la « bienheureuse Vierge de Follina ». La façade de l'abbatiale est de style roman. Ces ordres religieux nous laissent, de par leur mode de vie modeste, une église dénudée à l’intérieur, aucune décoration car, dit-on, notre regard doit se diriger vers le ciel…vers Dieu. Ce bâtiment est de style gothique italien. Des bénévoles assurent une présence qui nous permets de visiter la cour intérieure soit le cloître et sa fontaine,
Juste à côté, une jolie maison recouverte de vigne rouge, bordée d’un mignon petit ruisseau, nous a permis de faire de nous tous, des photographes amateurs. Voyez les résultats en photos.
Tout près de là, à Refrontolo se cache un ancien moulin des années 1600 appelé Molinetto della Croda, juste au pied de la cascade du torrent Lierza qui a l’allure d’un voile de mariée. Il est un des rares moulins à eau en activité qui a su conserver son charme. Ce dernier se positionne sur un site enchanteur, auquel se dresse son immense roue et, quelques oies lors de notre passage, notre coup de coeur! On a pu apprécier les caractéristiques de l'architecture rurale du XVIIe siècle. Des informations confirment que le bâtiment a été construit en plusieurs étapes. Les fondations de la construction originale reposent sur la roche nue, précisément la « croda » de la montagne. On apprend que des agrandissements ultérieurs ont permis de créer des logements pour des familles modestes de meuniers, (l’histoire ne dit pas si les familles étaient composées de plusieurs enfants à cette époque comme les familles québécoises) toujours aux prises avec la pauvreté et la menace imminente d'inondations soudaines et dévastatrices comme ils ont eu en 1941 et 1953. Il était intéressant d’entrer en contact avec ce symbole d'une civilisation rurale au bord de l'extinction sous la pression de la civilisation industrielle ici aussi. Il a moulu sa dernière farine en 1953. Par la suite, il est resté inhabité pendant plusieurs années et dans un état d'abandon. Mais on l’a remis au goût du jour grâce à des travaux de restaurations minutieuses. Les artisans ont fait un travail consciencieux qui a permis de préserver intactes les caractéristiques du bâtiment. Le moulin a été fidèlement reconstitué et… fonctionne à nouveau. Bravo!
On a eu l’impression de se retrouver deux cent ans en arrière et de se plonger dans un voyage plein d’histoires et de curiosités à propos du moulin mais on a vite reconnecté avec le temps présent grâce aux applications de nos teléphones…pour le photographier. Décidément, c’était notre journée zen! Et que dire du soleil qui nous a fait grâce de sa présence pendant les 15 jours de notre voyage!
Puis, vint le moment du repas dégustation. L’autocar s’arrête devant un espèce de chateau. Ça ne semblait pas inclus dans l’horaire de notre journée. On descend et c’est à ce moment qu’Alex mentionne que c’est ici au Castello di Roncarde qu’a lieu notre activité tant attendu. On est tous bouche bée. Un si bel endroit! Pour se rendre au chateau et ses remparts, une série de statues bordent l’entrée, il serait ici question de modèles d’anciens esclaves libérés devenus soldats. Les jardins à l’entrée sont somptueux avec des spéciments d’arbres gigantesques: cèdres du Liban géant, magnolas, rosiers anciens…
Emilia nous fait la présentation du salon de ce palais sous forme de chateau, à l’architecture vénitienne qui à l’époque, en 1508 appartenait à des entrepreneurs commerciaux : la famille Bassetti. Ces derniers, entrepreneurs agricoles y venaient…deux fois par année. Après la première guerre mondiale, la structure fut endommagée et les lieux servirent d’hôpital pour les soldats. Puis des années plus tard, d’autres propriétaires reprirent les lieux pour développer une cave à vins vieillis (vins de garde) munie de barils de chêne particuliers, petits et immenses, comme vous verrez sur les photos. Ici, on privilégie le vin de qualité à la quantité (400 000 bouteilles). Les vendanges sont effectuées de façon manuelle. Les épais murs de pierres et les minuscules fenêtres assurent une température constante.
Enfin arrive le vrai moment de la dégustation. On débute, région oblige, par un délicieux Prosecco bien sec. La table dispose de bouchées de charcuterie, proscuito, mortadelle, olives, grissili, fromage, et diverses bouchées de jambon…un délice. Puis place à un vin, un blanc, puis, un premier rouge d’un premier baril, un Merlot, suit le dernier, un quatrième verre, d’un second baril, un rouge plus corsé. Emilia a tenu à faire de nous des connaisseurs en nous faisant vivre les trois étapes de la dégustation: avec les yeux, l’odorat et le goût. Vous pourrez découvrir ces vins sur une photo. Plusieurs voyageurs sont ressortis de la dégustation avec des provisions pour de bons soupers entre amis ou en famille.
On y reviendrait pour faire un pique-nique avec nos nappes à carreaux et flûtes de Prosecco à la main. On ne verra plus jamais le mousseux du même oeil maintenant et possiblement que nos papilles verront une différence de goût avec les sépages de chez-nous.
Quelques heures d’arrêt nous ont permis de débuter nos valises car hey oui, demain c’est déja le moment de vous retrouver.
Mais avant, il y a un dernier souper de groupe dans un agrotourisme appelé « La coda dell gatto », La queue du char! Quelques minutes pour s’y rendre et nous voilà en pleine campagne pour goûter les produits du terroir « de la terre à la table ». Une entrée de polenta, champignons, lardons et radichio dans une sauce succulente est suivie d’une planche de salami et de légumes marinés, un risotto (on est déjà rendu au troisième service), puis un risotto et comme mets principal de la pintade et même si vous n’avez plus faim juste lire ces lignes, sachez qu’on a tous enfilé le mille-feuilles qui était un vrai péché! Mamma mia! Quel souper et tout ça dans un chaleureux restaurant typiquement italien genre table champêtre du Québec avec un service impeccable. Quelle belle façon de se dire « arrivederci »
Soyez là demain et on vous présentera notre beau groupe qui a profité d’affinités communes.
Buona notte!
Lucie





















































































































































































