Récit et photos
Italie du Nord en circuit détente « Les lacs italiens, la région des montagnes des Dolomites, Milan & Venise »
Bonjour nos amis (es) et parents, bonsoir!
Ce matin, ce sera pour nous un départ du Lac de Garde vers Valeggio sul Mincio. Ce véritable trésor de la Vénétie, un joyau niché dans les douces collines au sud du lac de Garde, dans la province de Vérone, constitue un charmant village médiéval réputé auprès des passionnés d’histoire.
Mais ce petit charmant village, les jours de marché comme aujourd’hui samedi, compliquent un peu les choses pour Francesco notre chauffeur. Les rues sont bloquées pour les automobiles alors imaginez pour un autocar. Sans planification, on fait un mini « sight seeing tour » hihi! et l’on rencontre finalement notre guide locale Carmen.
Elle mentionne que le village présente un mélange parfait d'architecture historique grâce à ses monuments, et également riche de sa culture, de sa gastronomie délicieuse et de ses beautés naturelles par le biais de ses paysages pittoresques. Les valeggiani se dispersent sur un territoire de 63 km2 et San Giorgio est le grand patron de la ville. En 1796, l'armée française de Bonaparte, forte d'environ 38 400 hommes, avait combattu contre 8000 austro-napolitains. L’issue de la bataille fut une victoire française. Bien sûr, on avait entendu parler de cette région de Valeggio sul Mincio et de sa renommée pour ses excellents vins. Les vignobles entourant le village produisent une grande variété de vins, dont le célèbre Bardolino et le rafraîchissant Custoza.
Comme les italiens affectionnent les légendes, une de celles-ci, profondément enracinée dans la région et associée au fleuve, et raconte un élément essentiel de la culture de Valeggio sul Mincio; on la surnomme « Nodo d'Amore ». Cette histoire teintée de romantisme, (n’oubliez pas que nous sommes près de Vérone, de Juliette et de son balcon), raconte l'amour entre Malco, un capitaine des troupes Visconti, et Silvia, une nymphe du fleuve Mincio. Leur amour interdit les conduisit à s'enfuir dans le fleuve, où ils laissèrent une écharpe de soie dorée en signe de leur amour éternel. Cette écharpe aurait inspiré la forme du fameux plat traditionnel de tortellini artisanaux, connus aujourd'hui sous le nom de "Nodo d'Amore" (nœuds d’amour). Ah l’amour! (voir la recette en bas du récit). J’ignore si chaque type de pâte a sa légende mais je n’en serais pas surprise. Imaginez : plus de 1 300 formes et sortes de pâtes différentes! Nous nous sommes arrêtés en passant en face d’un magasin où l’on vend des aliments préparés. Vous vous demandez lesquels? Des tortellini évidemment! J’ai compté au moins trente sortes de ces succulentes pasta fraîches dans leur présentoir réfrigéré. On a pu entrer dans l’arrière boutique incognito ( incognito avec 23 personnes hihi!) pour voir trois dames fabriquer ces petits bijoux de pâte, une par une à la main. Quel travail de …moinesse! Loin de nos tortellini épais, on se demande encore comment elles font pour travailler ces petits carrés de pâte si mince avant de les façonner de cette forme délicate et rigolote. On voyait qu’elles avaient du métier derrière la cravate!
Quelques minutes avant, on avait eu juste le temps de fouiner au marché du village où ma foi, certains vêtements semblaient intéressants à des coûts raisonnables. Puis, une agréable promenade nous a conduit en haut de la colline pour voir le Castello (Château) Scaligero, un point fort de l’endroit mais un château passablement en mauvais état et les tours sont fermées. Au sommet de la colline, cette imposante forteresse du 13e siècle a été construite par la puissante famille Scaligero, qui régnait sur la région de Vérone. Depuis les murs du château, on a eu une vue intéressante sur la vallée du Mincio et le paysage environnant. Le château lui-même est un exemple fascinant d'architecture militaire médiévale.
On est redescendu la colline à pied pour nous rendre juste en bas, au village voisin appelé Broghetto sul Mincio. Ce petit hameau médiéval traversé lui aussi par le fleuve Mincio, est célèbre pour ses moulins à eau et ses ponts pittoresques. Le fleuve émissaire Mincio du lac de Garde, d’une longueur de 73 km dont quelques kilomètres seulement se trouvent en Vénétie, Province de Vérone, a donné son nom au parc naturel régional du Mincio.
Borghetto, fier de sa réputation le classant parmi les plus beaux villages de l’Italie, s’enorgueillit également de son pont en bois médiéval Visconteo (15e siècle) où le cinéaste italien Luchino Visconti a tourné des scènes de son film ‘’Senso’’ (1954), et pour cause, ce petit mais impressionnant hameau, possède les mêmes caractéristiques touristiques que son voisin vu précédemment : beauté pittoresque, monuments historiques splendides et atmosphère romantique. Borghetto, signifie "petit village" en italien. Sa visite à pied nous a mené vers un voyage unique dans le passé où ses racines médiévales remontent au Moyen-Âge avec ses ruelles pavées et où nous avons pu admirer des maisons en pierre et les moulins restaurés mais non fonctionnels. D’ailleurs les moulins d’eau et le château qui le dominent, reflètent bien les caractéristiques architecturales et urbaines du Moyen-Âge. Le pont construit en 1393 par Gian Galeazzo Visconti ( l’ancêtre du cinéaste peut-être?), duc de Milan, faisait à l'origine partie d'un système de défense, enjambant le fleuve Mincio et constituant un exemple impressionnant d'ingénierie médiévale. Bien que le pont soit aujourd'hui partiellement détruit, il reste un symbole fort du village et offre une vue imprenable sur les environs.
Nos appareils photos, téléphone, IPad, caméras, ont capté la beauté de ce petit village avec le fleuve en arrière-plan. On vous transmettra les émotions à notre retour.
Comme tout bon voyageur, on reprend la route pour 50 minutes et cette-fois-ci vers Isola della Scala, petite ville de 12 000 habitants dit-on. Son patron « religieux » est San Giacomo. Le trajet pour s’y rendre est un peu complexe mais ça nous a permis d’explorer la pleine campagne de cette région. La culture du riz ici dans les plaines de la province de Vérone est apparue au début du XVIe siècle. Introduite par des familles venues de Lombardie, elle a transformé des zones marécageuses improductives en un paysage de quelques rizières et de nombreuses autres cultures.
La famille productrice d’une rizière, les Ferron, nous a accueilli d’abord à son restaurant Pila Vecia. Mais attention. Pour s’y rendre, aucune indication du restaurant. Francesco le chauffeur a pris ce que nous appelons plutôt « un sentier », dont on aurait bien eu quelques difficultés s’il avait fallu faire demi-tour. Un énorme bâtiment était juste au bout de « ce sentier ». Sommes-nous au bon endroit? Nous y étions. Il ne faut jamais se fier aux apparences dit le proverbe …et c’est bien vrai. La décoration intérieure des lieux était somptueuse avec ses immenses poûtres de bois, ses casseroles en cuivre accrochées au plafond et au bout, de grandes tables où l’on prend place. Avant de déguster leur riz bien spécial, nous avons pu partager un antipasto composé de charcuteries (proscuito et mortadelle), légumes marinés et pain sans gluten. Ici la bière; connaît pas. Tous nos voyageurs se mettent donc au régime vin blanc et vin rouge. Il y a pire! Puis a suivi un risotto à l’Isolana (recette du terroir avec champignons, et un soupçon de canelle puis, un risotto à la courge avec réduction d’Amarone, ce qui donnait un mets foncé, on aurait dit des lentilles. Même le dessert se composait de riz. Belle initiation au terroir de ce coin de pays.
Par le biais d’une visite guidée privée, nous avons eu accès aux instruments d’époque et aux installations d’une rizière traditionnelle. Si plusieurs d’entre-nous avaient déjà visité les rizières en Chine ou au Vietnam, tous les deux renommées pour leur production de riz, cette fois-ci place au célèbre riz Vialone Nano Veronese IGP (L’indication géographique protégée). Cette appellation garantie qu’au moins une des trois étapes de la production, de la transformation ou de la préparation a lieu dans la région. En effet, ce sont les riches terres alluviales des plaines de Vérone, qui donnent le Riso Nano Vialone Veronese un riz crémeux et absorbant. Cultivé, récolté et blanchi dans cette région de Vérone selon les normes strictes et les méthodes traditionnelles, ce riz est surtout utilisé pour le fameux risotto italien mais il peut s’adapter à divers autres plats. À l’origine, le riz de cette région était vendu presque exclusivement sur le marché vénitien du Rialto. Sa réputation n’a alors cessé de croître tout au long des XVIIe et XVIIIe siècles.
Au cours du XXe siècle, les progrès réalisés dans la sélection ont donné naissance à la variété de riz Vialone Nano, un hybride des anciennes variétés Nano et Vialone. Cultivée pour la première fois en 1937, elle a été introduite dans la province de Vérone en 1945. En 1996, le label Riso Nano Vialone Veronese devient le premier riz d’Europe à obtenir l’indication géographique protégée (IGP), qui consacre son excellence. Il est produit dans 24 communes de la plaine méridionale de Vérone. Lors de notre visite, on s’est aussi rendu sur le terrain, à la rizière. De ce lieu, on a eu droit aux explications du processus de culture du riz, de la plantation à la récolte; de la découverte des techniques de transformation et de raffinage du riz; aux techniques d’échanges avec les producteurs sur l'importance du riz dans la culture locale. On apprend que de nos jours, les procédés de transformation ont été mécanisés, les meuniers continuent de respecter les mêmes critères et de tendre vers les mêmes objectifs que leurs ancêtres.
Après l’usinage, les grains sont conditionnés dans l’aire géographique délimitée, ce qui garantit le maintien d’une fraîcheur maximale. Les grains sont riches en amidon, qui est en grande partie libéré lors de la cuisson. La teneur élevée en amylose permet de préserver leur forme et leur structure, même en cas d’une cuisson intense. Le guide nous mentionne que ce sont les modes de cuisson traditionnels qui conviennent le mieux à ce riz perlé, dont la texture crémeuse et l’arôme incomparable s’adaptent parfaitement aux risottos, mais qui se marie aussi à merveille avec une grande variété de sauces, d’assaisonnements et d’ingrédients. Alors maintenant, avant d’acheter notre riz pour faire du rizotto, on va bien regarder le grain traité qui doit être de taille moyenne, de forme ronde et semi-longue, avec une denture prononcée et une section arrondie. On va s’assurer que le grain est rond et présente un cœur de couleur nacré et allongé. Il est plus petit que le Carnaroli ou l’Arborio, ce dernier que l’on peut se procurer au Québec dans nos supermarchés. Ces rizs absorbent remarquablement bien le liquide de cuisson tout en restant ferme. Il donne au risotto une texture unique, agréable et crémeuse et son temps de cuisson est de 14 minutes pour un riz « al dente ». Cours de rizotto 101 terminé!
Quelle magnifique journée historique, culturelle, et gastronomique! On trouve que l’équilibre est parfait! Attendez de vérifier nos qualités de chef spécialiste de rizotto lorsque nous retournerons à la maison! Jacques a déjà des plans pour ses prochains soupers entre amis.
La campagne italienne nous a présenté un autre visage lors de notre retour à cet hôtel pour cette dernière nuit.
Ah que l’Italie du Nord nous comble!
Demain on se revoie dans la région de quelqu’un à qui vous pensez quand vous perdez vos clés. Vous avez trouvé?
Bonne nuit
Lucie
Les tortellini de Valeggio - le Nodo d'Amore. Ces délicieuses pâtes sont traditionnellement préparées avec une farce composée de différentes viandes comme le bœuf, le porc, le veau et le poulet. L'enveloppe fine et soyeuse de la pâte et la farce aromatique font de ce plat une expérience culinaire inoubliable. Il est souvent servi avec du beurre et de la sauge ou dans un bouillon corsé. La Festa del Nodo d'Amore (Fête du Nœud d'Amour ), qui a lieu chaque année en juin, célèbre cette spécialité en organisant une grande table de 650 mètres le long du pont Visconti, à laquelle participent plus de 4 000 invités. Cet événement figure dans le livre Guinness des records. Bon appétit!
PS Pour la dernière photo qui ressemble à un petit banc pour s’agenouiller, on a tous été surpris de voir au restaurant de notre hôtel cet objet qui était utilisé plutôt….pour déposer les sacs à main des dames! On se serait cru à un autre siècle!
