Bonjour de Helsinki,
La mer est toujours au calme plat, cependant, le ciel s’est ennuagé pour la première fois depuis notre départ. Même le Apex fait grâce matinée ce matin et arrive au port d’Helsinki à 11h. Après avoir pris notre lunch à bord, nous nous rencontrons, fidèle à notre habitude au salon du Bacio café du 4e étage. Nous partons à la rencontre de Rodolphe, un français d’origine qui a tant aimé la Finlande qu’il en a épousé une finlandaise. Nous apprécions particulièrement la qualité du français de Rodolphe que nous comprenons parfaitement. En fait, c’est simple, il est la version française de David. Vous vous rappelez de notre guide londonien ? C’est-à-dire une encyclopédie sur deux pattes qui nous dit tout, tout, tout sur la Finlande. Sans perdre une minute, nous voilà embarqués dans notre autocar.
Premier arrêt, dans une banlieue de Helsinki où après avoir longé des parcs et des plages en bord de lac; le parc Sibelius. Le très illustre individu, né en 1865, mort en 1957, est le plus célèbre compositeur finlandais, symbole du nationalisme musical romanesque. Il a étudié à Helsinki, puis à Berlin et Vienne, avant de composer des œuvres majeures comme Finlandia, ses sept symphonies et le poème symphonique Kullervo.
Rodolphe nous arrête donc dans ce parc, devant un enchevêtrement de tuyaux d’acier en l’honneur du compositeur national. Plus de 600 tuyaux en acier inoxydable soudés en forme d’orgue abstraite pour représenter l’essence musicale du compositeur. Les avis sont partagés, on aime ou pas et c’est le propre de tout oeuvre d’art. Une chose est certaine, elle fait fureur à voir le nombre de visiteurs présents.
En chemin vers Porvoo, nous passons tout à côté du stade olympique de Helsinki. Construit pour les Jeux de 1940 qui furent annulés, on se doute facilement de la raison, il a finalement servi en 1952, suivant ceux de Londres en 1948 qui eurent lieu après la Seconde Guerre Mondiale. La statue qu’on a choisie pour mettre à l’entrée du stade était toute indiquée. Elle représente Paavo Nurmi, légendaire coureur de fond finlandais, neuf fois médaillé d’or olympique dans les années 1920 et 1930. surnommé “le Flying Finn”! Bon choix de surnom !
Louise Drouin se souvenait d'un parc magnifique où azalées et rhododendrons abondent au printemps à Helsinki. Elle nous recommandait bien chaudement d'y faire un saut. Ce qui fut fait, je dirais un jour ou deux trop tard pour voir la pleine floraison mais quelques fleurs nous attendaient avant de laisser place définitivement à l'été. Nous avons bien sûr capturé le tout pour vous ! Magnifique parc qu'on imagine éclatant de couleurs au printemps.
Notre programme prévoit aussi une balade à Porvoo, à une petite heure de route. Rodolphe en profite pour nous faire un petit cours d’histoire finlandaise : 5,5 millions d’habitants, un royaume suédois, un grand-duché russe, une indépendance farouche, et une passion nationale pour le sport, le silence et la forêt. Et les bonbons à la réglisse salée, mais ça c’est autre chose.
Arrivée à Porvoo, deuxième plus vieille ville de Finlande (après Turku, la doyenne). On est en plein décor de carte postale : maisons rouges au bord de la rivière, ruelles pavées, boutiques d’artisanat, cafés plus mignons les uns que les autres. On apprend que la ville a obtenu son statut en 1346 grâce au roi suédois Magnus Eriksson. Porvoo, c’est comme un musée à ciel ouvert. Des façades pastel, des cours secrètes, des galeries, et une atmosphère qui sent bon la cannelle et les vieux livres. La cathédrale est imposante, mi-granit mi-briques et résistante aux incendies… sauf celui de 2006, provoqué par un adolescent pyromane. Restaurée depuis, elle trône fièrement sur la ville depuis les hauteurs de Porvoo.
Rodolphe nous mène ensuite vers les entrepôts rouges au bord de la rivière, peints ainsi à la fin du 18e siècle pour accueillir dignement le roi de Suède. Aujourd’hui, ce sont des logements, ou encore des boutiques de vêtements enchassés dans un décor bucolique où abondent les marguerites. On flâne, on achète du chocolat (Porvoo est célèbre pour ses douceurs), et on se laisse charmer par cette ville où le temps semble suspendu.
18h : retour à Helsinki. L’autocar est silencieux, à part le son de la voix de Rodolphe, infatigable et généreux de ses enseignements que tous n’auront peut-être pas entendus…!
Retour à Helsinki donc, pour le clou de la journée que notre guide a gardé pour la fin. Il nous dépose à la place du Sénat, joyau du style néo-classique imaginé par Carl Ludwig Engel qui, même avec les rénovations majeures qui nous en cache une partie, nous dévoile sa beauté et l’ampleur du monument. Ici trône fièrement la cathédrale luthérienne, alias Tuomiokirkko, veillant sur la ville depuis le sommet de ses escaliers. À ses pieds, la statue du bon Alexandre II, tsar de Russie, de 1855 à 1881, qui eut une influence profondément positive sur la Finlande, alors Grand-Duché autonome de l’Empire russe. Il pronait l’autonomie finlandaise, la renaissance culturelle et politique entres autres. Son règne est perçu comme une ère de prospérité et d’ouverture, c’est pour cette raison que s’élèvent maintenant plusieurs statues à son honneur partout en Finlande.
Puis, via l’avenue Mannerheimintie (essayez de le prononcer sans vous mordre la langue), où longent le Parlement, le musée national et le palais Finlandia, avant d’apercevoir le nouvel Opéra. C’est là qu’on comprend qu’à Helsinki, la culture n’est pas une option, c’est une institution. Un dernier regard sur l’immense quartier de style art nouveau dont Rodolphe semble visiblement très admiratif. On le remercie avec un petit extra, un beau flacon de sirop d’érable qu’on réserve pour nos guides chouchou! Merci Rodolphe.
Il est tard, mais toujours aussi clair. Tellement que nous avons encore l’impression d’être en plein jour! Une dizaine de nos voyageurs épicuriens s’en donnent à coeur joie au Fine Cut Steak House, restaurant de spécialités pour les grillades au 5e étage du Apex. Les entrées de crabcake, de ceviche de homard et le tartare de Thon Ai, sans parler du filet mignon qui fond en bouche, ont conquis nos convives qui en rêvent encore au moment où j’écris ces lignes!
Sur ce, bonne nuit et à demain pour notre incursion en Estonie et la belle ville médiévale qu’est Tallinn.
Eric, Marie-Christine et leurs heureux voyageurs